Les multiples expressions employées pour désigner une même réalité nuisent à la compréhension d’un phénomène et de ces enjeux. L’emploi abusif du mot “migrant” ne vient adoucir qu’en surface les crispations autour de l’afflux de clandestins en Europe, détournant notre attention du fond du problème.
Atlantico. Aujourd’hui les “immigrés” sont devenus des “migrants”, en tout cas c’est comme ça qu’ils sont maintenant appelés, pourquoi ?
Jean-Claude Barreau : On essaie d’évacuer le problème. L’immigration, comme tous les faits humains a un bon et mauvais côté, aujourd’hui on optimise tout, les aveugles sont des malvoyants, et les immigrés des migrants. Immigrés c’est plus rude et vrai que migrants. Cest un phénomène d’euphémisme, répandu partout dans notre société. On appelle plus les gens par leur nom. Ce n’est pas faux, mais on emploie un mot qui ne choque pas “migrant”. De même on a remplacé l’office qui s’occupe de l’immigration que j’ai dirigé longtemps, office national de l’immigration, par office des migrations internationales, ça fait plus chic.
C’est une question de ne pas choquer, il ne faut pas choquer.
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