Depuis dix mois, le 13, rue des Francs-tireurs à la Courneuve (Seine-Saint-Denis) est occupé par 25 personnes, dont 15 réfugiés Tchadiens. Les bâtiments étaient jusqu’alors abandonnés par leur propriétaire « Histoire & Patrimoine ». A partir du mois de juin, ces derniers seront expulsables par la force. Une manifestation d’une centaine de personnes a eu lieu.
Malgré le ciel grisonnant et les gouttes intermittentes, les habitants sont dans la cour. Le squat des Francs-tireurs, c’est un peu une auberge espagnole anarchiste et autonome. Dans la cour, de nombreux tracts sont placardés aux murs. Au sol, des maisons en carton qui ont été fabriquées pour la manifestation. Il y a un grand hangar aussi, avec des tables, des chaises et une importante bibliothèque remplie d’ouvrages libertaires. Dans un coin, un tableau est posé sur lequel on peut encore lire les conjugaisons du verbe être au passé composé qui ont servi au dernier cours de français, car le collectif en organise pour les étrangers. C’est un squat, mais pas que, c’est aussi un lieu de sociabilité et de solidarité. Les habitants y organisent des évènements. C‘est comme ça que Camille, 60 ans a découvert l’endroit.
Pour lui c’est important d’être ici aujourd’hui car « il est attachant, il est beau ce lieu, il ne servait à rien et là il sert aux copains de l’immigration ».
Garazi, toute sourire dans sa salopette bleue trop grande, a 25 ans. Elle habite aux Francs-tireurs depuis 4 mois et vient du Pays basque pour étudier. «Je suis ici car je n’ai pas beaucoup d’argent, mais c’est aussi un choix politique. Je ne crois pas à la propriété privée. Je suis anticapitaliste et anti-impérialiste, et ça se matérialise aussi en vivant en collectivité ». Pour elle, la richesse du lieu, c’est aussi la diversité de ses occupants. […]
Si les Francs-tireurs disparaissent, c’est 25 personnes à la rue sans certitude de relogement, mais c’est aussi une partie du mouvement autonome en banlieue qui va devoir déménager.
Bondy Blog/Libération/a>