Utopie verte « Made in Germany », Maidar est une éco-cité de 300 000 âmes au milieu de la Mongolie. Le coup d’envoi du projet doit être donné cette semaine.
Au pied des montagnes du Saint khan, à 30 kms au sud d’Oulan-Bator, la capitale de Mongolie, des ouvriers assemblent les jambes d’un Bouddha qui, une fois terminées, pourrait tout juste passer sous le premier étage de la tour Eiffel.
Associé depuis sa genèse au projet de l’éco-cité Maidar, l’urbaniste allemand Stefan Schmitz relate que tout est parti de cette statue de 54 mètres. Un consortium d’entreprises mongoliennes, porté par des investisseurs, y a tout de suite vu l’opportunité d’un projet immobilier. Ils projettent alors d’entourer l’édifice religieux d’un quartier capable d’accueillir 20 000 personnes.
Mais la situation du site, proche de l’aéroport et de l’autoroute, et le long de la voie ferrée qui relie la Chine à la Russie, leur laisse rapidement penser qu’il faut voir les choses en plus grand. Ils décident alors d’édifier sur cet espace vierge, une ville qui accueillera, d’ici 15 ans, près de 100 000 habitants et, à terme, près de 300 000 – soit l’équivalent d’une ville de la taille de Lille.
Une « Petite Allemagne » en Mongolie
L’expérience de l’agence allemande RSAA en Asie – elle a notamment travaillé sur le projet de l’éco-cité Chinoise Tianjin – et les liens que leur urbaniste Stefan Schmitz a liés avec les acteurs économiques et politiques du pays, l’amènent à être désigné pour faire sortir des plaines mongoles cette ville nouvelle.
Alors qu’ Oulan-Bator collectionne les records de pics de pollution et connait un développement anarchique, sa voisine Maidar devra être un exemple de cité verte et harmonieuse . Pour mener à bien ce projet, Stefan Schmitz s’est entouré de ses compatriotes les plus compétents. Ils sont épaulés par les ingénieurs du prestigieux bureau d’études Transsolar – également concepteur du schéma énergétique de Masdar, le projet de ville durable en plein désert porté par Abu Dhabi – et des spécialistes du développement de projets immobiliers de chez Drees & Sommer. Et pour compléter cette équipe allemande, le German Sustainable Building Council se chargera de certifier les constructions.
Les habitations n’iront certainement pas jusqu’aux exigences du Passivhaus, mais elles devraient toutes respecter un certain nombre d’exigences comme l’installation systématique de panneaux solaires thermiques en toiture et – dans une région où les pluies sont rares – l’alimentation par deux réseaux d’eau, l’un potable et l’autre pas. Aussi, la température annuelle moyenne se situant en dessous de 0 degré, les allemands pourront user de leur savoir- faire en matière d’isolation.
Côté énergie, il existe déjà à la frontière de ce qui sera demain Maidar, un parc éolien dont la puissance devrait passer de 50 à 75MW. Mais dans un pays où le charbon ne coûte rien, il est difficile d’envisager une ville qui ne fonctionnerait que grâce au vent et au soleil. Les concepteurs ont donc décidé de tout d’abord l’alimenter avec des énergies d’origine renouvelable pour 50% et de tendre, d’ici 30 ans, vers les 100%. Une situation qui ressemble fort à celle de l’Allemagne où charbon, éolien et photovoltaïque cohabitent.
Qualité de l’air : un exemple
Maidar devra être également exemplaire sur la qualité de l’air. De manière à limiter l’usage de la voiture, les équipes de Schmitz ont conçu une ville polycentrique où chaque résident de Maidar devra trouver à moins de 400 m de son habitation commerces et services du quotidien. Aussi, des voies de circulation couvertes seront réservées aux piétons, cyclistes, et transports urbains électriques. Cerise sur le gâteau, un téléphérique devrait relier cette nouvelle cité verte à la capitale du pays.
Pour que cette éco-cité devienne réalité, il ne manque plus que le feu vert du gouvernement de Mongolie. Stefan Schmitz a fait savoir au Moniteur qu’il devrait être donné cette semaine.