Le professeur de philosophie est accusé par le lycée Averroès d’avoir diffamé l’école dans un courriel adressé à plusieurs de ses ex collègues après avoir publié une tribune contestée dans Libération.
Depuis la rentrée 2014, Soufiane Zitouni enseignait à Lille, au lycée Averroès, établissement privé musulman, sous contrat avec l’Etat. L’enseignant avait publié le 6 février une tribune dans Libération intitulée “Pourquoi j’ai démissionné du lycée Averroès”, dans laquelle il accusait les responsables du premier établissement privé musulman sous contrat avec l’Etat de jouer “double jeu” :
j’ai fini par comprendre au bout de cinq mois éprouvants dans cet établissement musulman sous contrat avec l’Etat français (mon véritable employeur en tant que professeur certifié), que les responsables de ce lycée jouent un double jeu avec notre République laïque : d’un côté montrer patte blanche dans les médias pour bénéficier d’une bonne image dans l’opinion publique et ainsi continuer à profiter des gros avantages de son contrat avec l’Etat, et d’un autre côté, diffuser de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme, c’est-à-dire, un mélange malsain et dangereux de religion et de politique.
A la tribune a succédé un droit de réponse du lycée mis en cause :
De propos infondés et diffamatoires en clichés stigmatisants, ce pamphlet – et la vive polémique qui s’en est suivi – a eu un effet dévastateur pour le personnel enseignant et les élèves de ce lycée. […] Il s’agit avant tout de rétablir ici une vérité incontestable et confirmée par l’enquête du rectorat : le racisme, l’antisémitisme et toute autre forme de violence et de rejet de l’autre ne trouvent pas plus d’espace d’expression au lycée Averroès que dans tout autre établissement scolaire de France.
Puis la direction du lycée a lancé une procédure judiciaire par citation directe en diffamation et injure non publiques, rédigée sur la base des propos tenus par Soufiane Zitouni dans un courriel adressé à plusieurs collègues. Selon l’avocat du Lycée, le professeur a traité le lycée dans son mail “de nid de vipères hypocrites, et a affirmé qu’il y a de l’antisémitisme toléré et que les cours servent à diffuser l’idéologie salafiste“.
Soufiane Zitouni explique à Sonia Bourhan le contenu de ses courriels