La ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, présentait ce matin aux éditeurs de presse écrite sa réforme des aides publiques au secteur, dont le montant, de 820 millions d’euros en 2014, a considérablement augmenté ces dernières années. Elle vise à un meilleur ciblage des aides afin de soutenir les titres participant “au pluralisme du débat public” mais également ceux “œuvrant à la diffusion de la connaissance et du savoir”.
Quel est votre regard sur les mouvements récents de concentration de la presse écrite autour d’une poignée de très gros investisseurs, comme Xavier Niel, Patrick Drahi ou le PDG de LVMH Bernard Arnault, qui vient de racheter le Parisien ?
C’est un mouvement qui ne me surprend pas dans un contexte marqué par la fragilisation économique de la presse. Il devient de plus en plus difficile pour nombre de titres de financer une transition numérique indispensable mais coûteuse alors qu’elles font face, dans le même temps, à une forte baisse de leur lectorat et de leurs recettes. […]
Face à ces mouvements de concentration, le rôle de l’Etat est de s’assurer que le pluralisme des idées, qui est un élément clé du pacte républicain, n’est pas mis en danger.
Notre mission est de soutenir la presse qui tente, expérimente et invente, qu’elle s’adresse à un quartier ou au monde entier comme l’AFP.
Concrètement, qu’est-ce qui va changer pour les titres aidés ?
Il faut distinguer les aides directes, qui représentent 130 millions d’euros annuels, et les aides indirectes que sont les aides postales pour l’acheminement des titres et le taux de TVA réduit à 2,1%. Pour les premières, un décret va les étendre dans les toutes prochaines semaines à l’ensemble des périodiques et ce quelle que soit leur périodicité. Jusqu’ici seuls les quotidiens de la presse d’information politique et générale pouvaient en bénéficier, mais pas Charlie Hebdo ou le Monde diplomatique, qui s’en était ému à juste titre. C’était une anomalie que Libération y ait droit mais pas Politis, Golias, Causette ou Society au prétexte qu’ils n’étaient pas quotidiens.