07/06/15
(….) Numéro 23 devait être la démonstration du multiculturalisme, et le référent du modèle de société souhaitée tant par monsieur Sarkozy que par monsieur Hollande. Pour remplir ces objectifs globalistes, l’arme audiovisuelle est parfaite. Les téléspectateurs sont entraînés à penser que la fiction montrée à l’écran est le monde réel, alors que ça n’est que le monde tel qu’ils voudraient qu’il soit. C’est-à-dire le mythe de la mondialisation heureuse, et de son corollaire, le multiculturalisme triomphant. Derrière ces bonnes intentions de façade se cache le plus naturellement du monde la volonté de gagner de l’argent rapidement et sans trop d’efforts, sur le dos de pouvoirs publics incompétents et soumis.
Le CSA et Nicolas Sarkozy ont tout fait pour accorder, sans la moindre contrepartie financière, un canal de la TNT à Pascal Houzelot qui va s’enrichir de 88 millions d’euros suite à la revente. Ces millions lui permettront de ne pas être trop ridicule en compagnie de ses amis Bergé, Niel et Pigasse, qu’il a mis en contact. Salaire de son entregent ? Une place au conseil de surveillance du journal Le Monde.
(…) Boulevard Voltaire
27/05/15
Entre le bazar à Radio France et l’élection du président de France Télévisions, il aurait pu passer incognito. Mais Pascal Houzelot, l’homme qui nage dans les eaux économico-politico-médiatiques, fait l’objet d’une bronca qu’il n’avait pas vu venir. L’histoire tient en deux chiffres.
Mars 2012, le CSA lui attribue une fréquence pour qu’il crée une “chaîne de la diversité”. Prix d’achat : zéro euro. Ce bien public est gratuit. Deux ans et demi plus tard, il revend Numéro 23 à Alain Weill (BFMTV, RMC…). Prix de vente : 88 millions d’euros. Trop tôt. Trop cher. L’époque tolère mal cet usage de l’argent public. On a connu ce lobbyiste plus habile. Mars 2012 : en pleine campagne présidentielle, le CSA octroie 6 fréquences d’un coup, ce qui portera à 25 le nombre de chaînes gratuites, visibles par tous. Vingt-cinq fréquences seulement en plus d’un demi-siècle de télévision ! Un bien des plus rare, convoité par 34 postulants.
“Cette chaîne, je la porte depuis des mois, voire des années”
Accompagné de David Kessler, patron des “Inrocks”, qui rejoindra deux mois plus tard l’Elysée, et de Valérie Bernis, ancienne du cabinet Balladur, Pascal Houzelot (contacté par “l’Obs”, il n’a pas donné suite) défend sa chaîne de la diversité devant des sages qui heureuse coïncidence ont créé un Observatoire de la Diversité. “C’est une décision très inspirante que le CSA organise cet observatoire, flatte-t-il. Cette chaîne, je la porte depuis des mois, voire des années.” Les sages ronronnent. A l’exception de Rachid Arhab. Celuici se montre circonspect, flaire l’opération financière préméditée sur le dos de la diversité, comme il l’explique dans son livre (1).
Numéro 23 - quel odieux procès !- n’aurait pas respecté les promesses faites au CSA de “lutter contre le repli identitaire”, d’être “un aiguillon pour les autres chaînes et un incubateur” car la “diversité est source de richesse et de progrès pour la société française”. Comment ça ? Les programmes sur les tatoueurs, les maquilleurs d’effets spéciaux, les sauveteurs de requins, les anciens condamnés qui s’occupent de pitbulls abandonnés, ce n’est pas de la diversité ? Et ce Danny Koker, de Las Vegas, qui customise votre véhicule ?
Pour que la vente à 88 millions d’euros soit entérinée, le changement d’actionnaire et de concept doit être agréé par le CSA. Celui-ci peut faire traîner. Voire refuser. Peu probable. Mais c’est sous pression, en tout cas, que va s’instruire le dossier. “Nos trois groupes ont été sollicités pour la reprise de Numéro 23 mais nous n’avons pas donné suite car cette chaîne n’a créé aucun actif et aucun emploi”, a dit, devant les sénateurs, Nicolas de Tavernost (M6) au nom de Nonce Paolini (TF1), de Bertrand Meheut (Canal+) et de lui-même. Seule solution, à leurs yeux : que le CSA récupère la fréquence et la réattribue. Le trio a écrit en ce sens à Matignon et au CSA.
(…) Le Nouvel Obs
Interview de Pascal Houzelot en 2012
En prétextant faire la promotion de la diversité, Pascal Houzelot a obtenu la fréquence gratuitement.