Dans un cas sur deux, les filières clandestines ont recours à des faux papiers. Les techniques pour s’en procurer sont multiples :
- Faire appel à un faussaire qui reproduit plus ou moins bien un passeport ou une carte d’identité.
- Fabriquer de faux justificatifs qui permettent ensuite de se procurer, auprès des préfectures ou des mairies, un vrai titre d’identité.
- Voler l’identité d’une personne et tenter de se faire passer pour elle en imitant physiquement la personne.
« Certains rivalisent d’ingéniosité pour ressembler aux photos sur les passeports : teintures, effets de mode, cosmétique… », détaille auprès de 20 Minutes Jean-Michel Brevet, chef du bureau de la fraude documentaire et à l’identité au sein de la direction centrale de la PAF. Cette technique du « look alike » (apparence similaire) est utilisée dans près d’un quart des fraudes mises à jour par les policiers. Du coup, ces derniers ont développé des techniques pour repérer les usurpateurs. Notamment aux frontières grâce à la méthode finlandaise de reconnaissance faciale qui consiste à sonder le visage en six parties (yeux, menton, front, cheveux…) afin d’obtenir une « vision globale plus précise », poursuit le commissaire.
Les filières les plus sophistiquées s’essayent frontalement aux nouvelles technologies. « Aujourd’hui, même les documents modernes en polycarbonate, avec des puces, sont attaqués », reconnaît Jean-Michel Brevet. Si les Thaïlandais ou les Pakistanais parviennent à imiter parfaitement des faux passeports, même biométriques, tous n’en sont pas capables.
Et la tendance de ces dernières années est surtout à la délivrance de vrais titres d’identité à partir de fausses pièces justificatives. Ainsi, pour obtenir une carte d’identité, il suffit de remplir un document Cerfa, d’une quittance EDF et d’un acte de naissance. « Avec ce kit, que vous pouvez vous procurer pour 100 euros à Barbès, vous pouvez déposer un dossier », explique un policier spécialisé dans la lutte contre les clandestins.
Certaines préfectures sont moins regardantes que d’autres sur l’origine des documents. « Elles n’appellent pas toujours EDF pour vérifier le numéro de client ou la mairie de naissance pour s’assurer que la personne est bien née là-bas.
Autrement dit, l’ampleur de la fraude relève moins d’un manque de contrôle aux frontières que lors du processus de validation et de remise du titre d’identité par l’administration », rectifie cet enquêteur. Et les trafiquants savent tirer profit de la centralisation de l’administration. « Ils connaissent très bien les préfectures où leur dossier aura plus de chance de passer. » […]
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