Une salle de soins infirmiers a ouvert le 15 mars au centre d’accueil pour migrants Jules-Ferry, suite à une convention passée avec l’hôpital. De 11 h à 14 h 30, un infirmier de la permanence d’accès aux soins (PASS) y est détaché pour soigner, effectuer de la prévention et orienter les patients. […]
Une Érythréenne de 23 ans explique à l’infirmier qu’elle ressent de fortes douleurs dans le dos, et qu’elle a parfois des difficultés à respirer. Elle avait reçu un traitement en Grèce il y a un an. En exil, elle s’est retrouvée en rupture de soins et soumise à différents traitements délivrés dans les pays traversés. « C’est une population qui pose un questionnement sur la prise en charge sur le long terme, car on peut rencontrer un patient et ne plus le revoir le lendemain s’il est parti en Angleterre », constate une ex-aide-soignante qui accompagne l’infirmier.
Ce dernier répertorie les maux sur une fiche et note aussi les noms des patients pour que les éducateurs de la Vie active les emmènent dans l’après-midi à la PASS, où ils bénéficient de consultations médicales gratuites. Il peut aussi les orienter vers les urgences, l’assistante sociale ou le psychologue. Des navettes entre le centre Jules-Ferry et l’hôpital ont été mises en place. En priorité, ce sont les patients qui ont des entorses ou de la fièvre qui sont transportés.
L’infirmier se rend vers son local, à moins de trois minutes à pied des modulaires des femmes. En moyenne, il rencontre une vingtaine de patients par jour. Cette fois, un exilé est écorché à l’avant-bras. Il peine à le bouger. L’infirmier lui pose une bande. En raison du caractère sérieux de la blessure, il lui donne un ticket pour être examiné par un médecin de la PASS.
Médecins du monde salue la présence d’infirmiers dans le centre d’accueil Jules-Ferry et estime que cela constitue « un bon début ». Toutefois, sa représentante locale, Martine Devries, note « deux bouchons » dans la chaîne du soin : « Les navettes entre le centre Jules-Ferry et l’hôpital ne suffisent pas. La semaine dernière, il y en a eu une seule par jour (huit personnes transportées), clairement, cela ne suffit pas. Ce qui est embêtant, c’est qu’on ne comptabilise pas combien de migrants ont reçu un ticket et combien vont réellement à la PASS. »
Elle ajoute : « La PASS est sous-dimensionnée par rapport au nombre de migrants. Elle a été conçue pour 500, aujourd’hui ils sont plus de 2 500. Il faut donc la redimensionner (ajouter un médecin supplémentaire par exemple). À 14 h 30, il n’y a plus de place. Le médecin n’effectue pas plus de quarante consultations par après-midi, et ne pourrait de toute façon pas faire plus. Mais cela signifie qu’il existe des patients qui viennent à pied de Jules-Ferry, qui se présentent et à qui on dit que c’est complet. Alors ils s’en vont. Il faut comptabiliser le nombre de refus de soin. » […]
La Voix du Nord