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Metz. L’attentat commis à Charlie Hebdo pose la question de l’armement des terroristes. La même que l’on se pose lors de braquages ou de règlements de comptes en banlieue, des milieux aujourd’hui poreux.

Les armes en provenance d’Europe de l’Est et d’anciens théâtres de guerre sont une réalité. Il y en a une autre, moins médiatisée : les armes remilitarisées et remises dans le circuit, hors de tout contrôle. Quelques-unes sont acquises par des collectionneurs soucieux de ne pas s’embêter avec la législation. Beaucoup terminent entre les mains de la délinquance. La police judiciaire de Metz vient de remonter une filière d’approvisionnement en gros calibres et munitions dont on ne mesure peut-être pas encore les frontières.
Un pistolet retrouvé sur une scène de meurtre, à Metz en 2013, est le premier à avoir parlé. « On cherche toujours à avoir le plus de renseignements possibles sur une arme. Parfois, on n’apprend rien. Parfois, si… », confie une source.
Sur plusieurs scènes de crime, au moins trois sur le territoire lorrain, sur des vols avec violences, sur des extorsions, les forces de l’ordre ont découvert des armes portant certaines marques assez caractéristiques. La signature d’un spécialiste.
Sur commission rogatoire du juge d’instruction de Sarreguemines qui enquête depuis dix-huit mois pour trafic d’armes, la Police judiciaire est remontée jusqu’à un village de Moselle-Est. A Rolbing, à quelques kilomètres au Nord de Bitche, ils ont observé ces derniers mois quatre hommes d’une trentaine d’années bien implantés. « L’un est armurier à Bitche. » […] Il a remis en état de fonctionnement des armes de poing, des armes de guerre, des armes longues. Des grenades aussi. Dans son atelier, il jouait les artificiers en rechargeant les engins explosifs en poudre.
Surpris par l’ampleur de leurs découvertes et de l’arsenal saisi mercredi lors des interpellations, les policiers ont dû appeler les démineurs. Des experts en balistique et en armes de Nancy, Lille et Metz étaient sur place. Des chiens de gendarmerie spécialisés en poudre et munitions ont également été mobilisés.
Les complices écoulaient cette marchandise sur un marché parallèle. Une centaine au total, d’après certaines confidences. Pour des dizaines de milliers d’euros de bénéfices.
Etaient-ils attirés par l’appât du gain ? Etaient-ils seulement des passionnés ? Savaient-ils que leur activité a armé les banlieues de la région ? C’est un enjeu de la suite des investigations. Les quatre personnes interpellées doivent être déférées aujourd’hui devant le juge d’instruction.
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