Et si les mœurs continuaient d’évoluer comme la propriété des objets ? Et si l’économie collaborative donnait naissance à un partage des amours ?
Les relations avec les objets impliquent depuis toujours des règles très strictes : longtemps, dans la plupart des cultures, seuls certains hommes pouvaient en être propriétaires, puis tous les hommes en ont eu le droit, puis les femmes et les enfants y ont eu accès, chaque fois avec des règles de transmission, d’échange, de mise à disposition, de location et de vente très particulières. Les mœurs ont évolué de la même façon, avec un peu de retard : longtemps, les hommes ont pu se débarrasser des femmes comme si elles étaient des objets. Puis, presque partout, les femmes ont obtenu des droits. Et si les mœurs continuaient d’évoluer comme la propriété des objets ? Si l’économie collaborative donnait naissance à l’amour collaboratif ? Ce qui suit n’est pas un souhait de ma part, juste une intuition du monde qui vient. […]
Dans les sociétés modernes, plus personne n’est, heureusement, propriétaire de personne, mais on n’en est pas encore à considérer que chacun puisse partager celui ou celle –ou ceux– qui partagent sa vie avec d’autres. L’échangisme demeure marginal –et reste mal vu. Peut-être ne sera-t-on jamais prêt à une telle évolution. On peut néanmoins imaginer, dans la logique de l’économie collaborative, un monde où chacun serait libre d’avoir des relations avec d’autres que son partenaire principal, laissant ses amours présents avoir aussi des relations avec d’autres, en toute connaissance de cause, sans plus aucun sens de la «propriété» de l’autre. C’est déjà le cas pour une partie de la jeunesse, c’est la pratique de réseaux sociaux sur lesquels nombre de gens ont des relations, virtuelles, avec beaucoup d’autres, sans que cela signifie la propriété, ni même l’exclusivité, même pendant le moment du partage –qui ne reste pas toujours virtuel… […]