Début du ramadan, image de l’islam, constructions de mosquées, taxe sur le commerce halal… Anouar Kbibech, qui remplacera le 30 juin prochain Dalil Boubakeur à la tête du Conseil français du culte musulman (CFCM), répond aux questions de metronews.
Manuel Valls a déclaré lundi que “travailler sur la question de l’image de l’islam” était une nécessité tant “l’islam suscite encore des incompréhensions chez une partie de nos concitoyens”. Qui doit faire ce travail : vous, les représentants des musulmans, ou d’abord les médias et les responsables politiques ?
Chacun a une part de responsabilité, et il faut d’abord commencer par la nôtre. Il y a notamment un vrai travail de prévention, d’éducation à mener pour éviter que des actes condamnables, malheureusement parfois commis au nom de la religion musulmane, ne ternissent l’image de l’islam. Mais les médias qui ne parlent que des trains arrivés en retard ont également une responsabilité importante : ils se concentrent sur quelques cas de jeunes ayant basculé dans la violence, mais oublient les centaines, voire les milliers de jeunes qui basculent dans la citoyenneté constructive en s’engageant dans la vie économique, sociale, artistique.
Il y a également la responsabilité des hommes et des femmes politiques, qui à travers un certain nombre de déclarations entretiennent cet antagonisme supposé entre l’islam et les valeurs de la République. Quand quelqu’un (l’UMP Christian Estrosi, ndlr) parle de troisième guerre mondiale qui aurait été déclarée à la civilisation judéo-chrétienne, on croit rêver !
Il faudrait des sanctions pour de telles déclarations ?
Nous voulons effectivement interpeller le CSA pour qu’il y ait un suivi de ces déclarations, avec des sanctions visant les médias qui iraient dans ce sens. Nous souhaiterions également que les actes islamophobes ou anti-musulmans soient caractérisés en tant que tels, pour qu’ils soient pénalisables devant la justice, ce qui permettrait de poursuivre tous ceux qui se livreraient à ce petit jeu de déclarations à l’emporte-pièces, qui ternissent l’image de l’islam et des musulmans. […]
Il y a aujourd’hui 2500 mosquées en France, combien faudrait-il en construire ?
Notre estimation, c’est qu’il faudrait doubler ce nombre. Bien sûr, pas forcément en deux ans. Mais on parle aujourd’hui de 200 à 300 mosquées en construction. Il faut poursuivre cet effort pour rattraper petit à petit le déficit.