Nous n’avons pas en France d’icône trans’ qui ait la célébrité d’une Caitlyn Jenner ou d’une Laverne Cox aux Etats-Unis. Pourquoi donc? La réponse tient à la fois au système médiatique, politique et culturel de la France.
[…] Être trans en France est encore largement synonyme de paria de la société. Une étude rendue publique en novembre 2014 indiquait que 85% des personnes transgenres affirment avoir souffert de transphobie. Pire: 20% auraient tenté de se suicider et 60% seraient tombées dans une dépression. Insultes, coups, harcèlement, discrimination sont hélas monnaie courante, selon le rapport du Comité Idaho et du think tank République et Diversité. Et expliquent donc les réticences éprouvées à se livrer. […]Si les personnes trans’ sont rejetées et regardées comme des «pestiférées» c’est aussi à cause du regard porté sur la transidentité, qui est perçue comme une maladie mentale. Car bien qu’elle ne soit plus considérée comme telle depuis 2010, les personnes trans’ sont obligées de passer par un psychiatre pour changer d’Etat civil. «On est toujours soupçonnés de n’être pas sains d’esprit», renchérit Clémence Zamora. «La question trans’ est toujours considérée comme une question médicale», résume Arnaud Alessandrin.
De fait, l’Etat s’est peu préoccupé de changer le regard porté sur les personnes trans’. «Alors que les campagnes contre l’homophobie ont enfin pignon sur rue, rien, jamais rien, n’a été fait pour sensibiliser le grand public à la problématique de l’identité de genre», regrette Brigitte Goldberg. […]