Déjà premier ministre entre 2009 et 2011, Lars Lokke Rasmussen, président du Parti libéral (Venstre), a la charge de tenter de former un gouvernement. Au sein du bloc de droite, son parti (19,5 %), jusqu’ici en tête, n’est cette fois arrivé qu’après le Parti du peuple danois (DF, 21,1 %), mouvement populiste et anti-immigrés.
[…]Kristian Thulesen Dahl, dont le nom circule toutefois comme un possible ministre des finances, a évoqué quatre points présentés comme non négociables : avoir une politique d’immigration et d’asile propre au Danemark et annuler les assouplissements amenés sur l’asile ; réformer l’Union européenne en soutenant les efforts du Royaume-Uni, qui doit devenir un allié proche du Danemark ; réintroduire le contrôle aux frontières ; et enfin, s’assurer que le développement économique consolide l’Etat-providence, notamment pour les malades et les personnes âgées. […]
Les quatre ressorts du succès de l’extrême droite au Danemark
C’est la grande nouveauté des élections législatives du jeudi 18 juin. […] Le DF remporte 21,1 % des voix, soit 8,8 points de plus qu’en 2011, ce qui constitue son meilleur score depuis sa création en 1995.[…]
Le refus de l’immigration
Le DF va réclamer un rétablissement du contrôle aux frontières. Le parti arrive d’ailleurs largement en tête dans les comtés limitrophes de l’Allemagne, dans le sud du Jutland. Si de telles mesures sont effectivement prises, le Danemark pourrait se retrouver en conflit direct avec ses voisins, et la Commission européenne, chargée de veiller au respect du Traité de Schengen.
Le programme du parti spécifie que « le Danemark n’est pas un pays d’immigration et ne l’a jamais été ». Le DF ne peut « donc pas accepter une transformation multiethnique du pays ». Le politologue Ove K. Pedersen rappelle qu’« une grande partie de la classe moyenne danoise a toujours été nationaliste ». […]
La défense de l’Etat-providence
Comme l’explique le politologue Ove K. Pedersen, « le DF est un parti d’extrême droite social-démocrate ». Conservateur et nationaliste sur les questions d’immigration et d’asile, il défend l’Etat providence et reprend largement les valeurs traditionnelles social-démocrates, s’adressant aux plus démunis.
Ce sujet a, avec l’immigration, dominé les débats de la campagne électorale, alors que le Danemark a lui aussi souffert de la crise économique. Contrairement au Parti libéral, qui souhaite geler les dépenses de l’Etat-providence, le DF estime que le vieillissement de la population et les besoins accrus en dépenses de soins nécessitent une croissance modérée du secteur public. Le DF veut aussi réduire l’aide à la coopération afin de consacrer plus de moyens à l’Etat-providence danois. […]
L’euroscepticisme
« Plus de Danemark, moins d’UE. Le Danemark doit assurer son indépendance ». Tel est le mot d’ordre du DF. Le parti ne milite toutefois pas pour un retrait du Danemark de l’UE. […]
Les scandales du Parti libéral
L’extrême droite danoise a enfin profité du recul des partis de droite traditionnelle, affaiblis par les scandales. Déjà premier ministre de 2009 à 2011, le président du Parti libéral, Lars Lokke Rasmussen, a connu une longue descente aux enfers après les affaires à répétition qui ont écorné sa crédibilité ces dernières années. Il a été pris en flagrants délits répétés d’utilisation de fonds de son parti ou d’institutions pour ses dépenses privées, comme des cigarettes ou des billets en première classe à l’autre bout du monde, parfois en famille. […]