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On connaît la chanson et même la rengaine. “Je ne suis pas raciste, d’ailleurs mon meilleur ami est arabe”. “Je ne suis pas raciste, d’ailleurs…”

On connaît la chanson et maintenant les couplets. Les tristement fameux couplets d’Imagine, chanson de John Lennon qu’une classe de l’école de Prunelli di Fium’Orbu devait interpréter en cinq langues : le français, le corse, l’anglais, l’espagnol et l’arabe.

Avant qu’un interdit parental ne tombe sur quelques-uns des enfants d’une chorale polyglotte, l’arabe n’ayant pas sa place à la kermesse de l’école publique. Peut-être comme la merguez et le couscous devraient être bannis des cantines de la République. Pour apporter de l’eau au moulin de l’exclusion et de la haine, on a déjà eu depuis longtemps la peau du cochon…

On connaît la chanson et tous ceux qui l’entonnent sur les réseaux sociaux, ces murs modernes de la honte, et en suivant dans la rue, à coups de tags “Arabi Fora”. Il faudrait en effet leur couper la langue.

Cet enchaînement de faits, les pressions exercées sur les enseignantes, la plainte d’une inspectrice qui en a découlé, l’annulation de la kermesse, les écrits et les tags sont la manifestation et les conséquences d’un racisme ordinaire et sournois qui gangrène notre société. Et qui tout aussi ordinairement et sournoisement, la fait basculer dans le rejet de la différence, dans le rejet de l’autre.

L’école devrait être le creuset de la tolérance, de l’acceptation, en même temps que celui tous les savoirs. Les parents d’élèves qui se mêlent de l’enseignement, des programmes et des activités pédagogiques, est ce qui est arrivé de pire à l’institution. Sur ces questions, il faudrait les mettre au ban de l’école.

On ne peut pas prétendre se battre pas pour un bilinguisme français et corse, en refoulant ainsi l’usage par un enfant d’une troisième langue – l’arabe l’est devenu par le nombre de locuteurs dans l’île -, et même d’une quatrième, et même d’une cinquième. Tout juste masque-t-on sous ces couverts faussement militants, ses propres tourments, ses propres déchirures.

Le rejet de la langue comme signe ostentatoire d’un racisme rampant, d’une tentative d’asservissement des peuples, la Corse avec d’autres territoires, le corse avec d’autres langues en ont suffisamment souffert pour ne pas le condamner.

Samedi prochain, on manifestera à Prunelli pour dire “Oui à la tolérance”, “Non au racisme” et imaginer “ensemble un monde meilleur”. Le message vaut dans toutes langues. Il est universel.

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