Dans son essai “La pensée égarée. Islamisme, populisme, antisémitisme: essai sur les penchants suicidaires de l’Europe”, Alexandra Laignel-Lavastine explore plus d’une décennie de capitulation des « élites » face à la montée de l’islamisme radical. Après l’attentat de Saint-Quentin- Fallavier, elle a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Si elle dénonce l’aveuglement des dirigeants politiques face à l’islamisme elle ne s’inquiète pas moins de la montée du “populisme”. Elle a reçu le Prix de l’Essai européen 2005 et le Prix de la LICRA 2015.
Le « populisme patrimonial » selon Dominique Reynié (Sciences Po): Une partie des Européens ont le sentiment d’une altération de leur patrimoine immatériel qui désigne le style de vie, la dimension culturelle et les logiques identitaires des existences. Auquel s’ajoute le sentiment d’une altération du patrimoine matériel qui désigne le niveau de vie et les conditions matérielles de l’existence. […] C’est pourquoi je parle de « populisme patrimonial » pour qualifier ce nouveau populisme, combinant la réaction à un malaise culturel et à une fragilisation économique d’une partie des Européens. (Source)
Que nous apprend le monde réel ? Qu’une guerre ouverte a été déclarée au monde occidental et à ses valeurs humanistes et universalistes les plus précieuses, donc les plus fragiles. Que cette peste verte est désormais planétaire et que nous n’en sommes probablement qu’au début. Que cette guerre est menée sur notre sol et que l’ennemi, aujourd’hui, est aussi bien intérieur qu’extérieur.
Ce n’est pas l’instauration de la charia qui menace en Europe à brève ou moyenne échéance, mais un «populisme patrimonial» d’autant plus présentable qu’il s’est habilement relooké.
Dans votre dernier livre, La Pensée égarée, rédigé pour l’essentiel avant le traumatisme de Charlie, vous estimez que nous n’avons pas pris la mesure des attentats de janvier. Les événements vous donnent tragiquement raison. Ces nouvelles attaques vous ont- elles surprises ?
C’est plutôt l’étonnement général qui me surprend. Un intellectuel musulman laïc et démocrate me lançait il y a quelques jours: «Les intellectuels progressistes européens se comportent à l’égard des islamistes comme des collabos!». Sévère, mais juste.
Jusqu’à présent, les tenants du politiquement correct ont de loin préféré avoir tort avec les islamo-fascistes qu’avoir raison avec les réalistes. Et ce, au nom d’un antifascisme hors de saison, ce qui constitue le comble du paradoxe! Après avoir trop longtemps baissé les bras face au communautarisme et à l’islamisme par crainte de se voir traité d’«islamophobes», il y aurait urgence à ce que nous redescendions de la planète mars pour faire place au réel. Et au courage. […]
Les politiques publiques conduites depuis janvier vous semblent-elles à la hauteur ?
Le problème vient de ce que nous avons quinze ans de retard à l’allumage. Le plan Vigipirate est essentiel, mais sait-on que nos courageux soldats, dépourvus d’armes de poing, patrouillent avec des fusils de guerre inutilisables en milieu urbain au risque de provoquer un carnage? Sait-on que dans le 93, certaines mairies ont donné il y a quelques jours pour consigne à leur police municipale de ne plus verbaliser les femmes portant un voile intégral dissimulant leur visage, alors même qu’une loi a été votée et que la police est en principe chargée de la faire respecter? Ramadan oblige, sans doute… Que les mêmes élus locaux ne cessent de rhabiller des salafistes en militants associatifs par peur de perdre les prochaines élections ? C’est dire si notre capitulation en rase campagne a persisté bien au-delà du 11-Janvier. Et nous revoilà à feindre de se demander sur tous les plateaux comment nous en sommes arrivés là ! […]
Merci à Lilib