Manuel Valls est interviewé par la JDD.
Lorsque, en voyage officiel en Colombie, il est réveillé en pleine nuit à 4 h 30 du matin (heure locale) et qu’on lui apprend l’attaque terroriste à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), Manuel Valls est “grave” mais il n’est pas “surpris“, confie-t-il. Aussitôt, il décide d’écourter son déplacement.
“Nous ne sommes pas en guerre contre l’Islam, insiste le chef du gouvernement. La bataille se situe au sein même de l’Islam avec, d’un côté, un islam pratiqué par l’immense majorité de nos compatriotes de confession musulmane, qui revendique des valeurs humanistes universelles, et, de l’autre, un islamisme obscurantiste et totalitaire.
“Nous aurons d’autres tentatives d’attentats. Le gouvernement met donc tout en œuvre pour faire face à ces nouvelles menaces.”
Pas surpris car, comme il ne cesse, dit-il, de le répéter depuis 2012, et encore récemment à l’occasion du vote – qu’il juge “capital” – de la loi sur le renseignement, “nous avons changé de monde“. Seuls ceux qui sont accrochés à leurs vieux logiciels tentent de se persuader du contraire : “Désormais la menace est partout“, et il faut s’habituer à l’idée que cela va durer “pendant des années“. En janvier de cette année, admet-il, c’est l’émotion qui prévalait chez les Français ; cette fois, c’est la peur.
Manuel Valls rappelle qu’il avait dès le début du quinquennat, en tant que ministre de l’Intérieur à l’occasion du vote de la première loi antiterroriste, parlé des “ennemis de l’intérieur” et des “ennemis de l’extérieur”, ce qui lui avait été reproché par certains. […]
“Dans une démocratie, ajoute-t-il, tout questionnement est légitime.” Seul butoir : jamais les républicains (au sens historique) ne doivent mettre en cause leur capacité à être, face au terrorisme, “unis et rassemblés“. “Polémiques et divisions nous affaiblissent…“. Les mots d’ordre à Matignon : “Anticipation, lucidité, technicité, fermeté, respect de nos valeurs démocratiques.”