Le document remis à Bernard Cazeneuve esquisse des pistes pour améliorer la situation dans la «jungle», où vivent près de 2000 migrants dans des conditions épouvantables.
«Le pas d’après» : l’intitulé du rapport remis à Bernard Cazeneuve ce mercredi sur la situation des migrants dans le Calaisis est ambitieux. Résultat d’un travail de dix mois, le document est censé permettre au ministre de l’Intérieur de disposer des outils pour évaluer les politiques déjà menées autour de la «jungle» de Calais, mais aussi de «proposer des solutions réalistes sur les plans budgétaire, juridique et européen». […]
«Il semble que le projet de se rendre au Royaume-Uni n’ait été que rarement conçu au départ», poursuivent-ils.
Ce qui leur fait dire que «leurs décisions sont réversibles et que des alternatives crédibles au passage au Royaume-Uni conservent tout leur sens». Mais les auteurs ne s’engagent pas pour autant dans un plaidoyer pour une politique plus généreuse : «La garantie des besoins vitaux ne doit pas se contenter d’accompagner ce flux [migratoire], au risque de l’amplifier.»
Quelques lignes plus loin, ils évoquent même la «question sensible de “l’appel d’air” […] que pourrait créer sur Calais un dispositif humanitaire trop généreux consistant en une mise à l’abri, fût-elle précaire». […]
Jean Aribaud et Jérôme Vignon déclinent ensuite 17 propositions, dont ils disent avoir vérifié «l’opérationnalité». Premier axe de leur travail, une meilleure coopération européenne, notamment avec l’Italie, selon un principe de «solidarité» et de «rigueur». En substance, la France pourrait prendre à sa charge des demandeurs d’asile calaisiens pourtant susceptibles d’être réadmis en Italie selon le règlement de Dublin. En contrepartie, charge aux autorités italiennes de s’engager à raccompagner davantage de migrants dans leur pays d’origine. […]
Le volet répressif du plan comporte aussi quelques mesures inédites, qui ne devraient pas manquer de susciter les critiques des associations. L’une propose le placement «systématique» en centre de rétention «en vue d’un éloignement» de toute personne récidivant dans sa tentative de rejoindre l’Angleterre clandestinement, si celle-ci avait auparavant été orientée vers le centre Jules-Ferry. […]
Le rapport lance en outre l’idée de «réguler» le trafic des poids lourds pour empêcher les migrants de monter à bord et de traverser la Manche. Le principe : créer des aires de stationnement sécurisées bien en amont et mettre en place des créneaux de traversée. L’objectif : faire en sorte que les camions ne s’arrêtent plus à l’approche du port et du tunnel et qu’ainsi, aucun passager clandestin ne puisse y embarquer. Le risque : «Répartir le flux vers d’autres ports et d’autres pays.» Les auteurs en ont bien conscience, et semblent s’en accommoder.