Le nombre d’actes “islamophobes” signalés au premier semestre 2015 a augmenté de 23,5% par rapport à la même période de l’an dernier, avec une flambée des agressions physiques (+500%) et des violences verbales (+100%), selon les données du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) communiquées ce jour.
Les chiffres de cette association militante sont différents -et plus contestés- de ceux de l’Observatoire national contre l’islamophobie au Conseil français du culte musulman (CFCM), car ils ne sont pas basés sur les seules plaintes et mains courantes recensées par le ministère de l’Intérieur. Le CCIF enregistre et instruit les signalements émanant directement des victimes et prend en compte aussi une “islamophobie institutionnelle” imputée à des agents publics (enseignants, policiers…).
“Malgré les discours officiels se voulant rassurant, cherchant à éviter à tout prix ‘les amalgames’ et ‘la stigmatisation’ des personnes de confession musulmane, les chiffres de l’islamophobie ont explosé”, écrit le CCIF dans son “rapport sur l’islamophobie en France six mois après les attentats de janvier”.
Au total, 489 “actes islamophobes”, visant des femmes près de trois fois sur quatre, ont été signalés au CCIF au premier semestre 2015, contre 396 entre janvier et juin 2014. Trois cent vingt de ces faits, selon le collectif, sont des “discriminations”, commises sept fois sur dix par des institutions, et plus nombreuses que les propos stigmatisants, les dégradations de lieux, les agressions physiques ou verbales. […]
Le 15 juin dernier, lors de la première réunion de l’instance de dialogue avec l’islam, à laquelle le CCIF était représenté, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait admis que “la réalité” des actes antimusulmans était “sous-estimée, parce que trop de victimes hésitent à porter plainte“. “Je veux que nous luttions ensemble contre ce sentiment de résignation“, avait poursuivi le ministre, désireux d'”encourager les dépôts de plainte“. En conclusion de son rapport, le CCIF relève qu'”une note positive ressort du dernier dialogue initié par le ministère de l’Intérieur“.