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Mohamed Sifaoui est, depuis des années maintenant, un homme en danger. Il vit sous protection policière nuit et jour. Il en est à son treizième dépôt de plainte pour menace de mort. La dernière en date, postée sur les réseaux sociaux, appelle à “le crever” car il n’y aurait “pas d’autre solution”…

Nul besoin, donc, d’attiser une haine déjà brûlante. Pourtant, dans un récent communiqué, le CCIF, un collectif controversé spécialisé dans le chantage à “l’islamophobie”, a réclamé la mise à l’écart du débat public de Mohamed Sifaoui, présenté, pour les besoins de la cause, comme un “colporteur de mensonges et de haine” et assimilé aux “chantres de la haine et du rejet de l’autre” (sic).

Cette accusation n’est pas seulement de mauvaise foi. Elle est absurde. En dehors du cercle des amis du CCIF, elle ne fait guère illusion.

Le parcours de Mohamed Sifaoui parle de lui-même. Il a poursuivi Jean-Marie Le Pen en justice aux côtés de SOS Racisme lorsque l’ex-président du Front national avait stigmatisé les Algériens et les musulmans dans une affiche électorale. Il a été l’un des premiers à dénoncer le site “Riposte laïque” pour ses provocations à la haine envers les musulmans. Il a également consacré un ouvrage entier aux positions xénophobes d’Eric Zemmour. Homme de conviction, son engagement indéfectible contre l’obscurantisme, le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie notamment, ne saurait être remis en question.

Ne nous y trompons pas: ce n’est pas pour des propos complètement sortis de leur contexte d’énonciation que Mohamed Sifaoui est aujourd’hui calomnié. C’est parce qu’il est un infatigable détracteur de ceux qui instrumentalisent l’islam à des fins politiques. Ses prises de position en faveur de Charlie Hebdo lors du procès des caricatures, sa défense de la laïcité, ses enquêtes sur Tariq Ramadan lui ont valu des inimitiés inexpugnables.

La lutte contre le racisme est un sujet trop sérieux pour être laissée à des associations qui entretiennent sciemment la confusion entre la critique d’une idéologie réactionnaire et le rejet haineux de l’Autre en raison de sa religion.

Il est donc proprement stupéfiant de voir le CCIF, une organisation qui a invité à son récent dîner annuel la chef de file du Parti des Indigènes de la République – un mouvement qui théorise le refus du métissage et fait de la lutte contre “le philosémitisme d’Etat” l’un de ses principaux chevaux de bataille -se poser en donneur de leçon.

Car, non content de livrer un journaliste à la vindicte d’esprits influençables, endoctrinés et, pour certains, prêts au passage à l’acte, le CCIF joue un jeu dangereux et irresponsable. Le jour de l’attentat islamiste perpétré à Saint-Quentin-Fallavier, ce collectif publiait un communiqué se terminant sur ces mots:
“Le danger ne réside pas dans les vaines tentatives de groupes armés de déstabiliser la République. Ses principes sont assez ancrés dans l’esprit des Français et l’Histoire de notre pays l’a mainte fois montré. Le vrai danger réside du côté de ceux qui utilisent ces événements pour déverser leur haine contre une partie de la population qui est, de fait, celle qui paye le plus lourd tribut face au terrorisme”.

En minimisant ainsi la menace terroriste, le CCIF a montré son vrai visage: celui d’une organisation notoirement proche de la confrérie des Frères musulmans, dont l’objectif est d’instrumentaliser la lutte contre le racisme pour stigmatiser ceux qui critiquent l’islam politique.

Les attaques et intimidations dont Mohamed Sifaoui fait l’objet nous concernent tous. Demain, c’est notre liberté qu’elles pourraient viser, directement. Nous ne voulons pas attendre qu’il connaisse le sort de Charb, Cabu, Wolinski et leurs compagnons d’infortune pour lui adresser le témoignage de notre solidarité pleine et entière. “A la fin, disait Martin Luther King, nous ne nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis”.

Huffington Post


 

Premiers signataires:

  • Jacques Berès, président de France-Syrie Démocratie;
  • Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo;
  • Caroline Fourest, journaliste, essayiste, auteure de Éloge du blasphème;
  • Dr Rafik Hassani, médecin, ex-député algérien (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie);
  • Marieme Helie Lucas, sociologue et coordonnatrice de “Secularism Is A Women’s Issue”;
  • Waleed al-Husseini, auteur de Blasphémateur ! : les prisons d’Allah;
  • Alexandra Laignel-Lavastine, auteure de La pensée égarée. Islamisme, populisme, antisémitisme : essai sur les penchants suicidaires de l’Europe;
  • Tania de Montaigne, écrivain, auteure de Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin;
  • Sacha Reingewirtz, président de l’Union des Etudiants Juifs de France;
  • Boualem Sansal, écrivain, auteur de Rue Darwin (prix du Roman arabe 2012);
  • Fiammetta Venner, journaliste;
  • Bernard Schalscha, membre du comité de rédaction de “La Règle du Jeu”;
  • Dominique Sopo, président de SOS Racisme.

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