Invité(s) :
Maurice Sartre, professeur d’histoire ancienne à l’université François Rabelais de Tours. Membre senior de l’Institut Universitaire de France sur la Syrie antique.
L’espionnage dispute à la prostitution, paraît-il, le titre de plus vieux métier du monde. Et dans le même temps il nous faut bien constater que la mondialisation et les nouvelles technologies viennent de lui donner un formidable « coup de jeune ». Il nous a été donné récemment d’apprendre que la NSA américaine écoutait sans vergogne les conversations des chefs d’Etat et de gouvernement les plus importants de l’Europe, dont Angela Merkel et, naturellement, les nôtres. Les réactions à cette nouvelle, qui eut paru bouleversante en d’autres moments, ont mêlés assez curieusement la résignation à l’indignation, comme si la chose était aussi naturelle qu’elle était choquante. D’autre part, la loi sur le renseignement qui vient d’être adoptée par notre Parlement s’est inscrite à la rencontre de deux préoccupations aussi légitimes que contradictoires : la défense de la vie privée des citoyens, au cœur de la démocratie, et la protection de cette même démocratie contre les assauts de tous ceux qui peuvent en haïr les valeurs, avec le risque angoissant de contredire, en conséquence, de notre propre fait, ces valeurs elles-mêmes.
Aucun de nos auditeurs fidèles ne s’étonnera, j’en suis sûr, que l’aigu de cette conjoncture m’ait donné l’envie d’aller voir dans l’antiquité les précédents qui peuvent annoncer déjà les défis qui son en passe de nous devenir familiers. Comment s’organisait le renseignement en ces temps-là, en Grèce et à Rome, en face des peuples amis et ennemis, et aussi à l’intérieur de la société dans l’angoisse des complots et de la subversion. Maurice Sartre, professeur émérite d’histoire ancienne à l’université de Tours, est familier de notre émission. Une fois de plus, je vais faire fonds sur sa science et sur le goût qu’il a d’en évoquer les échos contemporains. Jean-Noël Jeanneney