Encore rare il y a vingt ans, le port du voile s’est répandu, ce qui suscite de nombreuses crispations au sein de la population française. Décidée à lutter contre cette expansion, une association musulmane s’est associée à une journée sans voile vendredi. Retour sur les motivations de celles, souvent jeunes, qui décident pourtant de l’arborer.
Sabrina : «Il n’y aucune ambiguïté à propos du voile dans le Coran. C’est une obligation divine. Il nous est prescrit de préserver notre pudeur. Chez la femme, cela passe par le fait de se couvrir la tête et de ne dévoiler que son visage et ses mains.»
Le port du voile cristallise bien des tensions en France. D’autant qu’il s’est réellement répandu chez les jeunes musulmanes. S’il est difficile de chiffrer le phénomène, les spécialistes s’accordent sur sa montée en puissance ces vingt dernières années. Tandis que les générations précédentes ont lutté pour pouvoir le retirer, certaines filles d’aujourd’hui, qu’elles soient enfants d’immigrées ou converties à l’islam, prônent un retour au religieux et à l’affirmation publique de leur foi. Le port du voile, qui concernait des cas isolés il y a vingt ans, revêt désormais une dimension politique, idéologique et culturelle. «em>Au milieu des années 2000, on a vu se répandre le port du simple foulard et du voile intégral en France», affirme Raphaël Liogier, auteur du “Mythe de l’islamisation” .
Le port du voile « s’est développé d’une manière très différente de celle que l’on a pu observer dans le monde traditionnel musulman : on assiste à une revendication des jeunes filles pour ce qu’elles sont, d’une façon moderne.
On a un retour vers la foi, une sorte de revival. Elles cherchent à retrouver leurs racines ; elles ont le sentiment que leurs parents ont délaissé leur religion et se sont soumis à la culture du pays d’accueil. »
Le port du voile, que le sociologue compare à certains mouvements de jeunesse comme « le punk des années 1990», se justifie presque de manière philosophique : « Le religieux, c’est une manière de se distinguer par la performance, de faire des choses difficiles justement parce qu’elles sont difficiles. » Cette rigueur que les jeunes filles s’imposent, au prix parfois d’un rejet, leur paraît gratifiante. […]
Nadia Ben Missi a commencé par observer et a vu le phénomène s’étendre. Elle dénonce « un travail de prosélytisme important. J’enseigne dans un collège et mes élèves se voilent. Difficile de savoir si cela relève de leur initiative. Elles disent que c’est sacré » […]