Pour Serge et Beate Klarsfeld, “militants de la mémoire “, deux dangers menacent les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité : “l’islamisme radical et la montée de l’extrême droite”.
A la fin du XVIIIe siècle, quand naissaient aux Etats-Unis le droit constitutionnel à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur individuel pour chaque homme, et en France la volonté populaire d’une société de liberté, d’égalité et de fraternité, ces aspirations n’étaient que des balbutiements après un vide de vingt-deux siècles. Ces valeurs avaient été élaborées à Athènes où elles n’étaient réservées qu’à un cercle de privilégiés qui bénéficiaient du droit du sang : esclaves et « métèques » en étaient exclus. […]
Ces valeurs sont-elles en danger ? Oui, elles sont menacées par l’islamisme radical et par la montée de l’extrême droite. Il semble évident, par l’expérience du passé, que si un régime d’extrême droite venait à prendre le pouvoir en France les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité seraient battues en brèche. C’est un procès d’intention ?
Peut-être, mais l’expérience du passé est là, qui devrait détourner l’électeur raisonnable de glisser un bulletin FN dans l’urne, comme elle aurait dû détourner les Allemands de voter national-socialiste en 1933. Ils espéraient un régime autoritaire qui leur assurerait la paix et la prospérité, ils ont eu une dictature raciste, la destruction et la guerre.
Quant à l’islamisme radical, il n’avance pas masqué, mais convaincu par une idéologie qui assure à ceux qui partagent la même vision de l’islam, comme le national-socialisme assurait à ceux qui partageaient le même sang, sinon la liberté, du moins une forme d’égalité et de fraternité.
Qui l’emportera ? L’histoire n’est jamais écrite, elle est ce qu’en font les hommes qui se battent pour des valeurs. Shakespeare écrivait à son sujet : « C’est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. » Mais ce qui est sûr, c’est que si nous ne sommes pas fermes sur nos valeurs elles disparaîtront, remplacées par d’autres, portées par des hommes qui ne connaîtront pas de doute. […]