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À l’heure du désengagement financier de l’État, artistes et politiques s’inquiètent de l’affaiblissement de ce système d’excellence ouvert à tous. A Paris, les candidats ont été tirés au sort au nom de la «mixité géographique et sociale».
Exigence, rigueur, précision… Certains diront « élitisme ». D’autres, « école de la vie ».

«Je suis un pur produit du conservatoire.» Muriel Mayette, ex-administratrice générale de la Comédie-Française, se souvient avec beaucoup d’émotion de son entrée au conservatoire de Versailles. Elle avait quatorze ans et se découvrait une nouvelle « famille ». « Non seulement cet enseignement m’a constitué un répertoire de coeur, mais je pense qu’il rivalise aussi avec celui des grandes écoles. Jamais je n’aurais pu diriger une telle troupe de théâtre si je n’étais pas passée par cette formidable école de la vie… » [ …]

« Comment a-t-on pu en arriver là ?» s’interroge le chef d’orchestre Hervé Niquet. Les lieux d’enseignement de la musique, du théâtre et de la danse sont peut-être les seuls derniers îlots en France où la création et la créativité priment le rendement et la rentabilité. Nous sommes enviés dans le monde entier pour donner cette chance aux citoyens – enfants comme adultes – d’avoir accès à cette formation d’excellence, à moindre coût. Si nos conservatoires disparaissent, on peut dire adieu à notre patrimoine. » […]

Résultat : le problème du nombre de places par établissement, qui était déjà récurrent dans de nombreuses villes, ne risque pas de trouver une solution de sitôt. Parmi les pistes les plus souvent évoquées figure précisément la diminution du nombre d’élèves. Et comment choisir alors entre deux enfants lequel « mérite » le plus d’apprendre la musique, la danse ou le théâtre ? […]

À Paris – pourtant épargnée par la fin de la subvention puisque les établissements dépendent uniquement de la mairie –, on a opté cette année pour le tirage au sort. Sur 7 823 dossiers déposés, seulement 3 000 élèves auront la chance d’intégrer un conservatoire en septembre. « Ce nouveau système va permettre de diversifier les profils des élèves, avec une mixité géographique et sociale », s’est réjoui l’adjoint à la Culture Bruno Julliard, le 23 juin dernier, après le tirage au sort effectué en présence d’un huissier. « Mais en quoi le tirage au sort serait-il source d’une plus grande égalité ? » s’interroge-t-on dans les milieux artistiques.

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