Il aura suffi d’une phrase, glissée dans l’article d’un quotidien régional, pour que la machine s’emballe. Vendredi, le journal l’Union publiait un article sur l’agression d’une jeune femme au parc Leo-Lagrange à Reims. La raison? La tenue de la victime aurait été jugée trop légère par son agresseur, une jeune fille qui était accompagnée de quatre de ses amies. L’article indique que les propos tenus par cette dernière présentait des “relents de police religieuse”. “Une formulation maladroite”, reconnaîtra trois jours plus tard l’Union. Trop tard?
L’occurrence “charia” tweetée trois fois plus souvent
Dès le samedi, les médias nationaux ont commencé à relayer cette histoire. Des reprises de l’article de l’Union, pour la plupart, qui ont suscité un fort intérêt des lecteurs. Sur les réseaux sociaux, le débat enfle, le mobile religieux se retrouve commenté à tort et à travers, avec de très nombreux messages teintés de xénophobie, parfois foncièrement racistes.
Un discours poussé par la fachosphère, qui n’hésite pas à faire le rapport avec la “charia”. Ces deux derniers jours, l’occurrence a été tweetée trois fois plus souvent que la moyenne des 30 derniers jours. Mais limiter ces dérives à la fachosphère serait réducteur. De nombreux responsables politiques ne se sont pas gênés pour commenter l’affaire, sans rien savoir du déroulé des événements. La mécanique est lancée: un politique réagit, un autre commente cette réaction, et ainsi de suite… Jusqu’à ce que tout le monde se calme, une fois publié le premier communiqué du parquet, qui a d’ores et déjà exclu le mobile religieux. (…)