Fdesouche

Fdesouche, qui se présente comme une «revue de presse» dont les thèmes de prédilection sont «l’immigration ou le racisme anti-blancs», est le site emblématique de la blogosphère d’extrême droite en France.

(….) Plusieurs éléments viennent contredire Pierre Sautarel. D’abord, mettre un lien peut être aussi grave aux yeux de la loi que d’avoir posté l’article. L’avocat-blogueur Maître Eolas nous explique:

«La jurisprudence en la matière est claire: la personne qui met un lien vers un autre site est responsable de ses actes. Sauf, éventuellement, à évoquer cela avec prudence, en prenant ses distances avec l’article sur lequel est fait le lien.»

Concrètement, cela veut dire que celui qui poste un lien vers un article diffamatoire sans prendre de pincettes s’expose à des poursuites pour diffamation.
Surtout, la convocation de Pierre Sautarel par la police et ses suites font vaciller le «système» Fdesouche, qui permet au site d’éviter bon nombre de poursuites judiciaires depuis des années.

Une question a été au centre de l’interrogatoire de Pierre Sautarel: est-il ou non le directeur de publication de Fdesouche? Pour l’intéressé, les choses sont claires:
«Notre site est hébergé en Inde et notre directeur de publication y réside. Je ne vais pas vous dire pourquoi, mais ce qui est sûr c’est que cette personne existe. Si c’est une faille dans la loi, ce n’est pas mon problème, à eux de faire la loi différemment.»
Tilak Raj semble en tous cas être un directeur de publication pour le moins discret: sa dernière apparition sur le site remonte au 21 décembre 2012. Il y évoquait une précédente polémique sur les statuts de Fdesouche, au cours de laquelle Marine Le Pen en personne avait défendu le site.

Pierre Sautarel, lui, ne veut pas être présenté comme directeur de publication du site:

«Moi, je suis un simple co-animateur du site parmi une trentaine d’autres (c’est d’ailleurs un certain Anthonin qui a signé l’article qui a entraîné la plainte de Pierre Bergé, ndlr).
Comme les enquêteurs n’ont pas accès aux logs (les données, ndlr) du site et que je suis le seul de ces responsables à être connu, c’est moi qui prend. Je sers de paratonnerre.»

La mise en place d’un tel système autour de Fdesouche justifie le recours des enquêteurs à des perquisitions, estime Maître Eolas.

À partir du moment où les enquêteurs estiment que Pierre Sautarel en sait peut-être plus qu’il ne veut bien le dire, ils peuvent utiliser les moyens à leur disposition pour obtenir des informations sur l’auteur du post, le rôle de Tilak Raj ou de Sautarel dans le fonctionnement du site, etc.
«La police ne va pas se laisser arrêter par le fait qu’il ne donne pas ces informations. C’est la loi. Ce serait ironique que l’extrême droite se plaigne que les forces de l’ordre fassent leur travail, non?»

Bien au-delà de la plainte de Pierre Bergé, toutes les contradictions de Fdesouche apparaissent dans cette histoire. Pierre Sautarel grince: «Si je n’ai plus d’ordinateur demain, je vous enverrai un télégraphe».

Buzzfeed

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