Alors que la « crise » franco-anglaise prend de l’ampleur autour de la question des migrants dans le Calaisis, commerçants ou habitants du quartier riverain de la « jungle » estiment être les oubliés du débat…
Un peu excentré, à l’Est de Calais, il y a la route de Gravelines. Zone industrielle, espaces boisés et maisons particulières s’y côtoient dans un cadre qui ne fait pas forcément rêver, même si la mer n’est qu’à deux pas.
Depuis janvier, c’est aussi là que s’est ouvert le centre d’accueil pour les migrants Jules-Ferry. Mitoyen de ce centre, la « new jungle », un vaste camp dans lequel survivent la plupart des migrants présents dans le secteur. Entre 2.000 et 4.000 personnes selon les sources.
«On vit très mal cette situation depuis deux ans», concède Laurent Roussel, le président de l’Union des commerçants du quartier, qui assure que les migrants étaient encore plus nombreux l’année dernière. « Ils devaient être au moins 6.000 alors que cette année on doit être à 4.000», estime-t-il. Mais pour lui, ce n’est pas le nombre le problème : «C’est l’image de notre quartier qui souffre. Il y a eu une baisse énorme de la fréquentation dans les commerces. Certains ont perdu la moitié de leur chiffre d’affaires.»
Dans une agence immobilière, toujours route de Gravelines, une employée constate : «Il y a beaucoup d’allées et venues mais en dehors des problèmes de circulation, il n’y a rien à signaler».
«Ils roulent sur les trottoirs à vélo, marchent au milieu de la route et balancent leurs déchets n’importe où», fulmine Laurent qui habite juste à côté du centre d’accueil Jules Ferry. Pour ce Calaisien de 47 ans, le souci numéro un, c’est l’hygiène : «Il y a des bennes mais ils mettent tout à côté et surtout, ils font leurs besoins partout», déplore-t-il avant d’avouer qu’il quitterait bien le quartier s’il le pouvait.
Bernard habite une petite maison route de Gravelines. « J’en vois pas mal qui descendent à l’arrêt de bus en face de chez moi avec leurs petites valises à roulettes », explique-t-il. Lui aussi a le sentiment qu’il y a plus de migrants qu’avant dans le secteur : « Du matin au soir, ça passe et ça repasse dans tous les coins. Ils jettent des ordures dans les jardins. A force, on en a assez. »
Comme le président de l’Union des commerçants, les particuliers s’accordent à dire qu’il règne un sentiment d’insécurité. Cependant, tous reconnaissent qu’en dehors de leur présence, les migrants ne causent pas vraiment de problème aux habitants. « Parfois ils vous regardent de travers, mais c’est parce qu’ils se méfient de nous comme on se méfie d’eux », concède Laurent.