À la maison d’arrêt, les téléphones portables sont presque plus nombreux que les détenus, alors que leur usage est strictement interdit. Il nous a suffi de fouiner sur Facebook pour discuter avec plusieurs prisonniers, loins d’être déconnectés de la vie extérieure. Une évasion collective sur la Toile, qui pose la question de la surveillance et de la sécurité de cet établissement…
Un faux compte Facebook, quelques clics pour rechercher un jeune tout juste condamné à de la prison ferme… Et, magie du réseau social, on découvre de listes d’amis en listes d’amis plus d’une vingtaine de détenus incarcérés à la maison d’arrêt d’Arras.
Leur signe distinctif ? Des photos de profil prises devant les barreaux des cellules ou en promenade, parfois « sublimées » d’un doigt d’honneur. Certains s’amusent à renseigner « Heps » (prison), dans la rubrique travail de leur profil. D’autres exhibent leurs pectoraux gonflés à bloc. Un autre partage même l’un de nos articles, sur la condamnation de deux détenus à Dunkerque qui s’affichaient un peu trop sur Facebook. Tous ces profils sont publics, visibles par tous, et garnis de commentaires des familles… (…)
«C’est le Club Med, les vacances…»
Le plus dur, d’après les détenus, c’est encore de trouver un lanceur de missiles. « Souvent c’en est qui étaient en prison. D’autres venaient pour eux, alors un service en vaut un autre… C’est normal. Mais c’est pas évident, ils savent que c’est chaud avec la police qui surveille. Un billet, ça motive souvent. »
Un prisonnier, qui revendrait des portables aux nouveaux arrivants, parle de « 40 euros » par jet, payés « avec notre argent à l’extérieur ». Et le tour est joué. Ce qui vaut cette phrase d’un détenu, qui aurait trois prisons à son actif : « C’est le Club Med, les vacances… » N’est-ce pas de la pure provocation ? « Oui, c’est sûr, mais quand tu tournes, tu ne regardes plus dehors. Tu regardes les autres prisons, et Arras c’en est pas une lol (rires). C’est la meilleure, elle est moins stricte. »