Selon un sondage IFOP, 86 % des Français soutiennent le mouvement des éleveurs. Un soutien incomparable aux autres mouvements sociaux. Les raisons de ce capital sympathie des paysans français. ». Seuls 5 % des Français estiment les manifestations injustifiées.
Ils peuvent bloquer les routes, déverser du fumier devant les bâtiments publics, empêcher les vacanciers de se déplacer: tout ou presque peut leur être pardonné. Les agriculteurs français bénéficient d’un capital sympathie unique dans l’opinion française.
«Comme le montre l’affluence chaque année au salon de l’agriculture, l’agriculteur incarne une partie de l’identité nationale, d’un pays dont les racines sont rurales et paysannes.» analyse Jérôme Fourquet. «Chaque Français ou presque a eu, en l’espace d’une à trois générations, au moins un membre de sa famille paysan, et a des attaches sentimentales à cette profession», ajoute-t-il.
• «La France qui se lève tôt»
«Dans une société qui valorise encore le travail, la profession d’agriculteur est perçue comme méritante», explique Jérôme Fourquet, responsable du département Opinion et Stratégies de l’IFOP. «Les agriculteurs sont perçus comme des gens qui travaillent, qui font des efforts, qui ne trichent pas et n’usurpent pas leurs revenus». «Dans l’imaginaire collectif, ils représentent la quintessence de ‘la France qui se lève tôt’ pour reprendre l’expression chère à Nicolas Sarkozy», ajoute le sondeur. Pas de vacances, horaires à rallonge, travail physique… L’opinion a conscience des difficultés que soulèvent cette profession. On observait le même soutien pour les marins-pêcheurs ou les mineurs dans les années 1960, autres métiers difficiles.
• La survie, une cause consensuelle
Les causes pour lesquelles les paysans se mobilisent ne les mettent pas en porte-à-faux avec le reste de la société. Ils ne revendiquent pas des privilèges, ni ne défendent des acquis sociaux, mais la survie de leur profession. Malgré les aides de la PAC (Politique Agricole Commune), ils ne sont pas perçus comme des assistés. En effet, «les Français n’oublient pas que c’est l’agriculteur qui nourrit la population» estime pour sa part David Lacrepinière, élu à la Chambre d’Agriculture de l’Ain. «Ils sont attachés à la qualité des produits français, mais aussi aux paysages de la campagne, qui n’existeraient plus sans les agriculteurs», souligne-t-il. Le métier d’agriculteur est perçu comme œuvrant au bien commun. […]
«Au Panthéon des valeurs, l’artisan et l’agriculteur se situent à droite, tandis que l’ouvrier et l’enseignant sont plutôt les figures tutélaires de la gauche» explique Jérôme Fourquet. «La droite, qui n’a pas une culture de la rue, se mobilise donc davantage pour les agriculteurs» résume le sondeur.