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Que disent les prénoms? Imposés par le pouvoir, adoptés par choix politique ou identitaire ou bien revendiqués par voie d’avocat, ils sont bien plus qu’un simple nom et révèlent des enjeux profonds.

Porter un prénom est aussi un signe d’appartenance à une communauté – ou non. En France, après l’abolition de l’esclavage, en 1848, un état civil est attribué aux hommes et aux femmes victimes de la traite négrière – une manière de les reconnaître comme des êtres humains à part entière.

Quarante ans plus tôt, en 1808, Napoléon avait obligé les juifs à adopter un nom et un prénom fixes, contrairement aux usages en vigueur dans cette communauté. Un moyen pour l’Empereur de favoriser leur intégration, tout en rendant cette population plus “contrôlable” par l’administration. A la fin des années 1930, l’Allemagne nazie, elle, imposera aux juifs d’Allemagne des prénoms hébraïques, afin de mieux les “repérer”. On sait sur quoi cela a débouché…

Plus de prénoms corses ou celtes

Dans certains pays, les prénoms sont parfois les vecteurs d’une revendication identitaire. En Turquie, l’élite sociale a remplacé les prénoms arabes par des prénoms turcs. Avant la chute du mur de Berlin, les prénoms “occidentaux” (italiens, français, anglais…) étaient donnés plus fréquemment en Allemagne de l’Est qu’en Allemagne de l’Ouest – un signe d’opposition au bloc soviétique.

La France, qui réunit des peuples de cultures diverses, n’est pas épargnée par ce phénomène. En Bretagne, les Erwann et autre Gwenaëlle, d’origine celte, sont passés de 6% dans les années 1950 à 20% aujourd’hui. Dans l’Hérault, Guilhem, typique des langues d’oc, est choisi beaucoup plus souvent qu’ailleurs. En Corse, les prénoms locaux arrivent carrément en tête: Ghiulia chez les filles et Lisandru chez les garçons. Cette tolérance vis-à-vis des cultures régionales est relativement récente. […]

L’Express

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