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Reportage du Bondy blog sur les urgences de l’hôpital Jean Verdier de Bondy (93).

« Ça fait 17 ans que je travaille aux urgences et je constate de plus en plus de précarité et de misère. On constate de plus en plus d’agressions : violences conjugales, sacs arrachés, des personnes frappées dans la rue pour rien… On a aussi ici une assistante sociale avec qui on travaille, car il y a parfois des gens qui viennent, car ils n’ont pas de toit… » (Malik, aide-soignant)

« Le département de la Seine-Saint-Denis est un département peu sécurisé et peu sécurisant, ce qui n’incite pas les médecins généralistes à venir s’installer tout comme certains coins perdus en province ». (Esther, infirmière de nuit)

Les urgences, « sont la vitrine de l’hôpital, car on y voit toutes les pathologies » confie Samia, infirmière de jour à l’hôpital Jean Verdier de Bondy (93). Les urgences sont aussi la vitrine de la société, parfois aussi le lieu des urgences sociales. Des sans-abris, des femmes de 25-35 ans vivant seules venues pour tentatives de suicide, celles aussi de la cinquantaine qui arrivent avec un taux d’alcoolémie défiant les baromètres, des jeunes, des personnes âgées, les ivresses de la nuit… et aussi les « bobologies » de ceux qui viennent aux urgences, car c’est pratique et rapide. Il y a aussi ceux qui ne peuvent pas avancer l’argent des consultations ou encore ceux qui viennent sortir de l’isoloir social pour deux fois rien, mais à la recherche d’un contact humain. La liste est exhaustive. Ici passent près de 90 personnes par jour, soit 30 000 par an.

10 h 30. Un brancard arrive avec un jeune homme, la vingtaine, entouré de deux pompiers. Une voiture vient de le percuter alors qu’il était à l’arrêt. « Il faut attendre le senior de traumatologie pour enlever la planche et le collier cervical, c’est la procédure aux urgences » dit Malik, l’aide-soignant. Rien de grave, diagnostique le médecin.

Un peu plus loin, dans le box 1, des cris : « Je veux qu’on me détache, je suis plus bourrée ». « Elle est arrivée cette nuit avec 2,2g d’alcoolémie, confie Samia. Elle a déjà fait plusieurs tentatives de suicide». […]

Parmi les patients du jour, un homme d’origine russe, accompagné de son fils de 12 ans venu traduire. L’homme vient consulter pour un traumatisme crânien suite à une bagarre avec un ami. Dorina, infirmière d’origine roumaine, explique qu’il arrive assez régulièrement que le personnel communique en russe avec des patients originaires de pays de l’Est, en anglais avec ceux d’origine indienne ou sri lankaise, en arabe, en espagnol… pour les mettre à l’aise et surtout faciliter le contact. […]

Selon Medhi, médecin rattaché à l’UMJ (unité médico-judiciaire) depuis 18 ans, « il y a de plus en plus de gardes à vue de jeunes mineurs, parfois de jeunes de 12-15 ans, ce que l’on ne voyait pas avant. On voit parfois les mêmes revenir plusieurs fois. La procédure veut que lorsqu’on est en garde à vue et que l’on est mineur, la police vous envoie directement consulter un médecin à l’UMJ. Lorsqu’on est majeur, cela n’est pas une obligation, mais dans la plupart des cas souvent les auteurs ou victimes demandent à voir le médecin. Ils viennent souvent pour violences et dans d’autres cas pour drogue, vol… On voit de plus en plus de jeunes adolescents consommer du cannabis. On voit aussi ici beaucoup de cas de violences conjugales. Il y a beaucoup de détresse sociale. L’UMJ de l’hôpital Jean-Verdier à Bondy est la deuxième en Ile-de-France qui a le plus de passage avec 12 000 à 13 000 personnes par an. 95 % sont des hommes entre 15 et 30 ans et la grande majorité est en garde à vue pour consommation de stupéfiants, petits trafics, vols… mais également des victimes de violences sexuelles ».

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