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Bousculée par l’arrivée massive de clandestins et l’installation de campements sauvages en pleine rue ou dans des bâtiments squattés, la Ville de Paris organise leur accueil.

« Nous n’allons pas mettre en concurrence migrants et SDF, tranche Sophie Brocas. Nous devons pouvoir accueillir tout le monde. »

« L’accueil de migrants dans des centres habituellement dévolus aux SDF a montré ses limites ces derniers mois. Les travailleurs sociaux qui gèrent ces centres accueillent des sans-abri très marqués par la rue, isolés, désocialisés, certains souffrant de troubles psychiatriques. Les migrants forment un public très différent, souvent issu des classes moyennes de leur pays, où ils étaient ingénieurs, journalistes, universitaires, avocats, étudiants…

Un premier centre d’accueil « officiel » a ouvert le 29 juillet dans un ancien hôtel rénové du 14e arrondissement, rue Raymond-Losserand. Après deux semaines d’occupation par des migrants, la situation semble également se débloquer au lycée Jean-Quarré (19e arrondissement). « Nous souhaitons transformer ce lycée en centre d’accueil temporaire. Les travaux, minimes, devraient être réalisés en quelques semaines », assure Bruno Julliard, premier adjoint au maire de Paris.

Depuis début juin, plusieurs campements de migrants ont été démantelés dans Paris avant de réapparaître, faute de centres d’accueil en nombre suffisant. Et rien n’est prévu pour les personnes qui ne souhaitent pas demander l’asile en France mais poursuivre leur route, la plupart vers la Grande-Bretagne. La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, avait ainsi promis en juin la création de centres de transit – s’attirant les critiques d’une partie de l’opposition, qui redoute que ces centres ne constituent une incitation à venir pour les clandestins.

La volonté de la municipalité se heurte à plusieurs obstacles : trouver des lieux adéquats, y entreprendre des travaux d’aménagement et convaincre des collectifs de soutien aux migrants avec lesquels elle entretient des relations pour le moins tendues. Pour le lycée Jean-Quarré, la Ville a demandé au comité La Chapelle en lutte les noms des migrants, afin de les loger pendant la durée des travaux. Cette liste a été refusée par les bénévoles, qui craignent que la mairie l’utilise pour expulser les sans-papiers. La mairie préfère parler d’un « dialogue constructif » et réfléchit à mener les travaux sans déloger les réfugiés. Un étage contaminé par de l’amiante sera condamné et des travaux d’urgence seront entrepris.

La préfecture de Paris, à qui revient d’autoriser ou non cette ouverture, soutient le projet, « à condition que le lieu soit géré par une association professionnelle, type Croix-Rouge ou Emmaüs », confirme Sophie Brocas, secrétaire générale de la préfecture d’Ile-de-France. Le centre d’accueil, d’une capacité de 100 à 150 personnes, fonctionnerait jusqu’à la transformation du lycée en médiathèque, prévue en 2020.

Actuellement, entre 200 et 300 migrants, venus du Darfour, d’Erythrée, du Soudan, de Libye, du Tchad ou du Maghreb, squattent le lycée dans des conditions précaires. Les douches du bâtiment sont régulièrement inondées et les toilettes en nombre réduit. Les occupants survivent grâce aux bénévoles et aux dons des habitants du quartier, qui fournissent matelas, draps ou encore nourriture. «En Serbie, l’accueil était meilleur qu’ici », raconte Ahmed Adil, réfugié soudanais. Après un périple d’un an, épuisé et traumatisé, l’homme de 51 ans «n’imaginait pas se trouver dans une situation pareille».

Autre sujet de polémique, «le centre ne sera pas forcément réservé aux migrants», précise la préfecture de Paris. L’ancien lycée hôtelier devrait aussi accueillir des sans-abri dans le cadre du plan hivernal, qui prévoit des places supplémentaires d’hébergement. […].

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