19/08/2015
Au cours de sa garde à vue, Ahmed a raconté sa version des faits, sans complexes. “Les discussions se sont faites à bâtons rompus même si mon client parle parfois créole [il est mahorais d’origine, NDLR] et à tendance à s’énerver”, explique son avocate commise d’office, maître Emmanuelle Khan-Renault, contactée par L’Express. Le jeune homme de 25 ans a d’abord reconnu “un geste déplacé” sur le petit Rifki qui pourrait s’apparenter à des attouchements sexuels. Un peu plus tôt, le garçonnet de 4 ans a pourtant dit aux enquêteurs ne pas avoir été violenté.
Le suspect a ensuite décrit les circonstances qui l’ont poussé à rencontrer Rifki. SDF, il est arrivé en métropole “il y a quelques mois” et à Rennes quelques jours avant le rapt.
Sa vie précédente se déroule à quelque 10 000 kilomètres de là: à Mayotte, où il est né, puis à La Réunion, où il a longuement vécu. C’est d’ailleurs le Conseil général de l’île qui l’a envoyé dans le département breton pour suivre “une formation d’animateur”. “Il n’a jamais trouvé la force de la suivre. Il ne sait ni lire ni écrire, il est déboussolé et déraciné”, ajoute son avocate. (…)
18/08/2015
Le ravisseur présumé de Rifki a été mis en examen pour enlèvement, séquestration et agression sexuelle. L’avocate du suspect a toutefois mis en cause la santé mentale de son client.
On commence à en savoir un peu plus sur Ahmed, l’homme suspecté d’avoir enlevé le petit Rifki à Rennes, samedi 15 août, avant d’être interpellé dimanche dans un TGV Paris-Bordeaux, en compagnie de l’enfant.
Ce jeune Comorien de 25 ans, actuellement entendu sous le régime de la garde à vue à l’hôtel de police de Rennes, est déjà impliqué dans une affaire d’attouchements sur mineur. La justice l’a confirmé lundi soir.
Ali Sago, 46 ans, artiste de rue comorien, a débarqué à Rennes, la semaine dernière, en compagnie de sa sœur et de ses deux enfants dont Rifki, 4 ans. Il revient sur son parcours, en quête d’un hébergement, et sur sa rencontre avec Ahmed, le ravisseur présumé de son neveu.
« Avec ma sœur et ses enfants, nous sommes arrivés à Rennes, en provenance de Paris, mardi dernier, vers 23 h 30. Après deux nuits à l’auberge de jeunesse, nous nous sommes rendus dans un centre d’hébergement d’urgence. Faute de place, notre demande n’a pas abouti. En sortant, alors que nous étions assis sur un banc, un homme nous a abordés. Il disait s’appeler Ahmed et venait des Comores comme nous.”
Nous avons sympathisé. Je lui ai emprunté son téléphone pour appeler François, un autre homme, de la région celui-là, qui, le mardi soir, nous avait aidés à rejoindre l’auberge de jeunesse. Cette fois, François s’est proposé de nous accueillir carrément, avec ma sœur et ses enfants, dans sa maison, en périphérie de Rennes. Il n’était pas prévu qu’Ahmed se joigne à nous. Il s’est, finalement, incrusté… Pendant notre séjour chez François, il m’a paru bizarre. Ce jeune de 25 ans passait ses journées à ne rien faire, si ce n’est à jouer sur sa tablette…
Samedi, nous sommes tous retournés dans le centre-ville de Rennes. Il y avait des spectacles programmés place de la Mairie.
“Et puis, j’avais dans l’idée de commencer à jongler, à faire le clown dans la rue pour me faire un peu d’argent. À un moment, j’ai laissé ma sœur et ses enfants, en compagnie d’Ahmed, place de la Mairie, le temps d’aller prendre un café avec François, place Sainte-Anne. À mon retour, Rifki, qui était parti acheter des boissons avec Ahmed, avait disparu…” (…)