Article de Maurice-Ruben Hayoun, spécialiste de philosophie médiévale, sur le départ des juifs de Francs pour Israël.
La thèse de Michel Houellebecq sur l’islamisation de la France est ici prise très au sérieux, même si elle paraît incroyable.
Un divorce entre la France et ses fils de confession juive ne serait pas seulement un désastre, ce serait aussi une douleur indicible sur tous les plans.
On aura compris que c’est la transposition du conflit du proche orient qui pèse sur la vie quotidienne des Juifs français ou des Français juifs. Si rien n’est fait, le processus enclenché ira en s’accélérant.
Ce thème, je dois l’avouer, m’a toujours mis mal à l’aise. Je ne voulais pas le prendre en considération, arguant que la presse, en mal de sensations fortes en cette période creuse de l’été, nous resservait de vieux marronniers. Et voici que des visites sur les plages de Tel Aviv, de Herzliya ou de Netanya m’ont contraint d’admettre cette évidence: de plus en plus de citoyens français de religion juive préparent leur aliya en Israël sous différentes formes.
La configuration la plus fréquente et peut-être aussi la plus simple consiste à envoyer les enfants poursuivre leurs études supérieures en Israël tandis que leurs parents prennent leur temps pour liquider leurs affaires sur place et voir venir. Qui sait ? Peut-être y aura-t-il une hypothétique embellie permettent de croire, même confusément, que les Juifs ont encore un avenir en France. L’autre façon d’émigrer touche les retraités ou les préretraités qui s’installent définitivement ici même en Israël et continuent de faire des allers-retours à Paris ou en province.
Comment ai-je fini par me rendre à l’évidence? Je n’entends que cela sur les plages prises d’assaut par des compatriotes, sur les terrasses des restaurants à Tel Aviv, à Herzliya, Natanya et ailleurs. Tous ces citoyens français de confession juive ne parlent que de cela. Dans certains quartiers, vous chercheriez vainement des locuteurs de l’hébreu et vous auriez du mal à en trouver. Si vous allez chercher la version française du Jerusalem Post, une fois sur deux, le stock du libraire est épuisé tant la demande, chaque mercredi matin, est forte.
Un autre indice insinue dans le même sens, celui d’une tendance lourde inclinant vers cet exil étrange et tout à fait inattendu : les constructions d’habitations en Israël, toujours dans les mêmes villes, avec une prédilection pour les cités traditionnellement francophones : Natanya, Ashdod (la cinquième ville d’Israël), Ashkelon et quelques autres agglomérations moins connues comme Raanana, Pardessiya, etc.
Ces immeubles, parfois construits très près les uns des autres, signe que chaque mètre carré coûte cher en Israël, poussent comme des champignons et sont achetés sur plan. Et les prix évoquent ceux de l’immobilier à Paris et dans les grandes villes françaises. […]
Quant à nous, disent ils, presque unanimement, nous ne voyons plus d’avenir pour nous à Paris… Et de citer pêle-mêle la sanglante agression visant l’Hyper Casher, la tuerie de Charly Hebdo, les incidents avec les jeunes des banlieues sur la voie publique, la nécessité de poster des agents statiques devant les synagogues et les autres institutions juives, à Paris comme en province. Bref, un sentiment diffus mais très réel d’insécurité et l’impression, sans cesse croissante, que le ou les gouvernements ont perdu la main. Bref que la situation n’est plus contrôlable, et ce pour plusieurs raisons: crainte de combattre frontalement le communautarisme et le terrorisme, désir subliminal d’attirer à soi certains électeurs qu’il ne faut surtout pas brusquer, etc. […]
Enfin, un dernier point, assez inattendu, il faut bien dire, mais qui constitue un renfort inespéré pour les candidats au départ: le livre Soumission de Michel Houellebecq. Un bon nombre de gens le lisent sur les plages. {…] Et j’ignore si cet auteur l’a fait volontairement mais il met en scène une de ses jeunes maîtresses, juive de Paris, qui lui annonce après une dernière nuit d’ébats amoureux, son départ pour la pays de ses ancêtres…