L’Eglise veut ouvrir la porte aux migrants, et les partis populistes se servent de l’afflux de réfugiés sur les côtes italiennes pour justifier leur xénophobie. Au milieu, Matteo Renzi, critiqué pour son inefficacité, se sent menacé.
La migration historique qui touche la Péninsule – avec son lot quotidien de sauvetages et de naufrages, et ses 104.000 migrants accueillis depuis le début de l’année – n’est curieusement pas le souci numéro un du président du Conseil italien, Matteo Renzi. Il ne se soucie pas davantage des réticences européennes, sous la houlette de la chancelière allemande et du Premier ministre britannique, à définir une vraie politique de répartition des immigrés sur tout le continent.
Son vrai souci aujourd’hui, c’est la prise de position de l’Eglise catholique en faveur de l’accueil des immigrés, et, à l’opposé, la propagande xénophobe des populistes de tous bords, de la Ligue du Nord au Movimento5Stelle. La Ligue a annoncé ce dimanche qu’elle projetait trois jours de “blocage de l’Italie”, les 6, 7 et 8 novembre, dans le but de “faire tomber le gouvernement”.
Populistes et Eglise s’agitent donc sur deux fronts antagonistes mais tout aussi dangereux en critiquant Renzi pour son “inefficacité” sur la gestion des migrations.(…)
Mais ces effusions en faveur des immigrés versent paradoxalement de l’eau au moulin des populistes. Car plus l’Eglise appuie sur l’accélérateur de l’accueil, et plus les démagogues trouvent des justifications à leur xénophobie. Un cycle infernal. Ainsi, Matteo Salvini, le leader de la Ligue, ne trouve rien de mieux que rétorquer à Galantino que :
“Ceux qui défendent l’ invasion de clandestins qui est en train de ruiner l’Italie, ou bien ne comprennent rien, ou bien ils y gagnent.”
Et de déplorer à son tour l’incapacité gouvernementale à gérer le phénomène, n’épargnant ni propagande ni insultes.
Echo immédiat sur les réseaux sociaux. “Maghrébins de merde”, écrit une élue locale lorsqu’un immigré lui vole sa bicyclette à Gènes. Tandis qu’un certain Mauro soutient : “Il faudrait modifier le code pénal, car ce n’est pas un délit de bastonner un Rom”. Et que Mario suggère que les gérants de plages “embauchent des videurs pour chasser les immigrés qui proposent leur marchandise sous les parasols”.
Le Movimento5Stelle de Beppe Grillo demande à son tour des élections municipales anticipées à Rome, qui est gérée par le centre gauche, “avant que la ville ne soit submergée par les ordures, les rats et les clandestins”. Un dirigeant du groupuscule d’extrême-droite Fratelli d’Italia va jusqu’à proposer de se débarrasser des migrants par des meurtres massifs. […]