On leur avait dit qu’ils iraient à Thessalonique, tout près de la frontière macédonienne, par laquelle ils auraient pu passer rapidement vers le nord de l’Europe, mais après une journée de navigation, 2.700 migrants, en majorité Syriens, se sont retrouvés jeudi au Pirée, le port d’Athènes, à 600 km de là.
Jeudi, même si le gouvernement l’a démenti, les médias assuraient aussi que Skopje s’était montrée courroucée en apprenant qu’un tel nombre de migrants se dirigeaient d’un coup vers Thessalonique, promettant un engorgement massif de la frontière.
Depuis janvier, environ 160.000 migrants sont arrivés sur des îles d’Egée en provenance de la Turquie, dont 20.843 rien que la semaine dernière, selon le Haut Commissariat de l’ONU aux Réfugiés (HCR).
Les raisons de ce changement n’étaient pas très claires jeudi après-midi. Une source gouvernementale a démenti auprès de l’AFP que ce soit en raison d’une intervention de la Macédoine, dont la frontière avec la Grèce est la principale voie de passage de la Grèce vers le reste de l’Europe, et qui a décrété l’état d’urgence dans la journée pour renforcer les contrôles, avec l’aide de l’armée.
L’Eleftherios Venizelos, spécialement affrété par le gouvernement grec, alors que les migrants prennent normalement les ferries de ligne, est arrivé vers 09H30 locales (06h30 GMT), avec à son bord des familles entières, parfois de douze à trente membres, de jeunes enfants et même des bébés âgés de quelques mois.
La moitié du visage d’une fille d’onze ans était brûlé tandis que deux adolescentes avaient encore des cicatrices provenant d’armes automatiques.
“Nous sommes restés quatre ans dans la guerre. Ma meilleure amie a été déchiquetée lors de l’explosion d’une bombe … n’importe quoi plutôt que ça“, soupirait Lamia, une Kurde de 21 ans, d’Alep.[…]
Normalement, les migrants ne font qu’y arriver en train depuis Athènes, avant de prendre le car pour la frontière, à 80 km. Leur chemin les mène ensuite généralement, après la Macédoine, vers la Serbie, et la Hongrie, qui est en train d’ériger une clôture de quatre mètres de haut et 175 km de long à sa frontière avec la Serbie, pour les empêcher de passer. […]