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Jean-Pierre Chevènement sera l’invité d’honneur de l’université d’été de Debout la France, le 29 août prochain. Chevènement invitera lui-même Mélenchon prochainement . David Desgouilles, membre de la rédaction de Causeur, y voit le début d’une recomposition du paysage politique et un rapprochement des «républicains des deux rives» (de droite et de gauche).

En tout cas, cela me semble le vœu de Jean-Pierre Chevènement lui-même qui a quitté le parti qu’il avait créé et relancé son club République moderne. Il a pris acte que ce rassemblement n’était pas la volonté des maigres troupes qu’il reste au MRC. Il dit vouloir faire émerger un rassemblement qui va de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont-Aignan. Ce dernier a saisi la perche qui lui était tendue en invitant Chevènement à ses universités d’été qui sont justement consacrées à un sujet sur lequel ils sont tous les deux exactement sur la même longueur d’ondes, l’Ecole.

Chevènement invitera lui-même Mélenchon, Montebourg et NDA à l’occasion d’un colloque de République moderne fin septembre. Il semble que Mélenchon ait accepté d’y participer à la condition de ne pas y croiser Dupont-Aignan. Mais je trouve que c’est déjà un tour de force de faire participer ces quatre personnalités à une même réunion. On le doit principalement à Chevènement.

Au-delà du cas Dupont-Aignan/Chevènement, cela traduit-il un bouleversement des clivages politique traditionnels ?

On a bien vu à l’occasion du «moment grec» que le clivage droite-gauche était inopérant sur un sujet essentiel. Sur l’école, c’est aussi le cas. Même sur un sujet comme le travail le dimanche, le clivage droite-gauche ne fonctionne pas. Cela fait vingt ans que cela dure et pratiquement personne n’en tire les conséquences sur le plan politique. […]

Ce rapprochement n’est-il pas tardif? Pensez-vous qu’il changera quelque chose sur la scène politique française ?

On dit que «mieux vaut tard que jamais». Il y a eu des occasions ratées. Séguin, qui ne rejoint pas Chevènement entre Maastricht et l’élection de 95. Max Gallo, qui renonce à rejoindre Pasqua aux européennes de 99 pour ne pas gêner le ministre de l’Intérieur Chevènement qui démissionnera pourtant du gouvernement un an après. En 2002, Chevènement fait une campagne qui s’affranchit du clivage droite-gauche mais qui ne parvient pas à rallier Séguin et Pasqua et qui, au moment de rejoindre Philippe de Villiers, voit des troupes le menacer de partir chez Jospin…

Je ne sais pas si l’initiative de Chevènement changera quelque chose, mais au moins il essaie encore. Et je trouve très bien que Dupont-Aignan joue le jeu alors qu’il n’avait pas osé franchir le Rubicon en 2002. […]

Qu’est-ce qui différenciera fondamentalement l’axe Dupont-Aignan/Chevènement de la sphère Front national ?

L’Histoire. Qu’on le veuille ou non, le FN a une histoire. Que les démêlés de Marine Le Pen avec son père, dont elle a tant de mal à se débarrasser, viennent rappeler avec cruauté. Dupont-Aignan vient du gaullisme, il fut compagnon de route de Pasqua et Séguin. Chevènement fut l’un des fondateurs du parti d’Epinay ; le CERES est même à l’origine du poing à la rose qui est encore le logo du PS.

Si le duo Marine Le Pen/ Florian Philippot parvient à se débarrasser de Jean-Marie Le Pen, changer le nom du parti, et achever le travail de dédiabolisation, il gagnera la course. Mais si Chevènement réussit cette fois à rassembler, que Mélenchon arrête de se boucher le nez à l’approche de Dupont-Aignan, et que ce dernier profite de l’occasion pour stopper une certaine dérive «à la Morano» de sa communication, il y a des chances pour que la mayonnaise prenne. Et puisse gagner cette course. Neuf jours seulement séparent la convocation de Jean-Marie Le Pen devant une instance disciplinaire de la réunion commune Chevènement/NDA. J’y vois davantage qu’un hasard.

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