Face à l’afflux de réfugiés, le leader de Debout la France, Nicolas Dupont-Aigan, exhorte Hollande à revoir sa stratégie vis-à-vis de Damas et à en finir avec Schengen. Il souhaite que la France retrouve “sans plus tarder une politique étrangère réellement multilatérale et indépendante“.
Vous avez profité de vos vacances en Grèce pour vous rendre à Leros, une île qui reçoit de nombreux migrants. Quelle est l’ampleur de la vague à Leros ?
Je voulais me rendre compte par moi-même du drame humain qui se joue à nos portes. Chaque semaine, la Grèce accueille plus de 20 000 migrants, concentrés sur quelques petites îles qui jouxtent la Turquie : Lesbos, Kos, Samos ou Leros. Pour cette dernière, où j’ai pu me rendre, cela représente 300 arrivées par jour, avec un nombre de migrants en transit de plus en plus grand – environ 3 000 –, presque plus que le nombre d’habitants. […]
Quelle est la typologie des migrants ?
Très diverse. Il y a des familles pauvres avec des enfants, mais surtout beaucoup d’hommes seuls, dont certains aisés. J’ai ainsi pu discuter avec des étudiants syriens de la région d’Alep qui fuyaient Daesh. D’autres ont déserté l’armée d’Assad. Tous avec le même rêve : l’Allemagne, l’Angleterre ou la France pour y travailler ou même poursuivre leurs études.
Plusieurs témoignages m’ont aussi alerté sur la présence de jeunes islamistes au profil combattant, voyageant avec de fortes sommes d’argent. On est très loin de l’image d’Épinal du boat people misérable…
Devons-nous, à vos yeux, renoncer à renverser Assad pour l’aider à écraser Daesh ?
Les Américains ont renversé Saddam Hussein, puis les Français, Kadhafi, et on a vu les résultats catastrophiques de ces politiques néocoloniales brouillonnes : la destruction des États, l’instauration de la charia et les migrations géantes en Libye, Daesh les nouveaux barbares au Proche-Orient ! Pourquoi commettre une troisième faute ?
Si Assad tombe, le Liban s’effondre, les chrétiens d’Orient disparaîtront et Daesh deviendra inexpugnable. Sans même parler du chaos migratoire que cela provoquera fatalement.
Il faut d’urgence revoir toute la politique française de gribouille dans cette région, le soutien aux opposants dits “modérés” se révélant catastrophique – les armes qui leur ont été livrées sont en fait tombées entre les mains de Daesh. Il faut aussi arrêter de subventionner avec des fonds européens la Turquie, qui joue un double jeu, combat autant sinon plus les Kurdes en lutte contre Daesh que l’État islamique et laisse partir de ses côtes vers la Grèce ces dizaines de milliers de migrants. […]