L’Union européenne fait face à un afflux massif de réfugiés. Que peut-elle y faire ? Yves Pascouau, chercheur associé à l’Institut Jacques Delors, dresse un état des lieux.[…]
Lors du conflit dans l’ex-Yougoslavie, des millions de personnes ont été jetées sur les routes de l’exil aux portes de l’UE. On a réussi à gérer. […] Je ne nie pas les difficultés rencontrées par les États membres, dans leurs localités, leurs communes, leurs régions, à la suite de ces arrivées massives. Mais il faut arrêter de considérer que la situation est ingérable. Je pense qu’il existe des solutions pratiques. […]
La Slovaquie a émis une condition de chrétienté à l’accueil des demandeurs d’asile. En a-t-elle le droit ?
Oui. Même si cela n’est pas conforme aux valeurs européennes, qui se basent sur le principe de non-discrimination. Mais il faut partir d’une approche simple : ces personnes qui fuient, des Syriens des Érythréens, des Afghans, des Pakistanais, des Somaliens, ne fuient pas pour être sûrs et certains de pouvoir pratiquer leur culte dans tel ou tel pays membre. Ils fuient la terreur et la mort. Il va falloir que les Slovaques et les autres États réticents aux dispositifs de relocalisation comprennent bien que leur société, qui était assez homogène, deviendra de plus en plus multiculturelle.
[…]Certaines voix à l’extrême-droite blâment l’espace Schengen. Le lien est-il pertinent ?
Schengen n’est pas responsable de ce qui se passe au Moyen-Orient. Blâmer Schengen n’a pas de sens. Le rétablissement des frontières – matériels, dispositifs techniques, douaniers – aurait, en plus, un coût colossal. Aujourd’hui, les économies sont très intégrées. Le transport se fait essentiellement par voie routière. Si un produit doit passer deux ou trois frontières, le temps que cela prendra sera répercuté en frais, par le transporteur, le producteur et le consommateur européens. Tout le monde serait perdant.