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Article de quatre journalistes du Monde, Alexandre Lemarié, David Revault d’Allonnes, Raphaëlle Besse Desmoulières et Françoise Fressoz, sur la classe politique et la “crise migratoire”.

«Cette peur dans les mots témoigne d’une victoire de l’extrême droite sur le sujet»

«L’approche morale ne fait pas une politique. Il faudra assumer des mesures contraignantes» et «entendre les inquiétudes des Français sans pour autant alimenter le FN» .

A moins de quatre mois des élections régionales, le Front national pèse de tout son poids sur le débat. « Marine Le Pen n’a pas besoin d’en dire beaucoup, le carburant est là », souligne Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’IFOP. Alors que le chômage frappe 10 % de la population active et que la France vit sous menace terroriste, « deux tiers des Français sont opposés à l’accueil des migrants », souligne le politologue en se basant sur une étude réalisée en avril.

L’heure n’est pas à la mansuétude. Mais elle n’est pas non plus au simplisme : « Les Français se rendent très bien compte qu’il n’y a pas de solutions simplistes », ajoute M. Fourquet, qui note qu’entre avril et juin le nombre des partisans d’un renforcement des contrôles aux frontières a chuté de plus de dix points (de 47 % à 36 %), alors même que la crise migratoire s’intensifiait.

«On essaie de tenir un discours compliqué entre humanité et fermeté, solidarité et légalité, reconnaît un conseiller [Bernard Cazeneuve]. En substance : hors de question de laisser tomber les gens éligibles au droit d’asile, mais les gens qui ne sont pas éligibles doivent être renvoyés. C’est peu intelligible.» Plus explicite, un ministre soupire : «On ne nomme pas les problèmes, on parle de migrants alors que la plupart sont des réfugiés. Il y a quarante ans, à l’époque du drame des boat people, la gauche n’aurait jamais parlé ainsi. » […]

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