28/08/2015
La première économie d’Europe est plutôt favorable à l’accueil des migrants alors qu’elle pourrait manquer de six millions d’actifs en 2030.
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La chancelière a converti la droite à une ouverture envers les étrangers. Elle l’a confirmé mardi en informant que les Syriens seraient accueillis en Allemagne, et mercredi en visitant un foyer de réfugiés incendié.
Le PDG de la Poste, Frank Appel, a récemment rappelé que l’économie avait 500 000 postes vacants et a promis d’embaucher des réfugiés dès que leur situation juridique le permettra.
«Mais la réalité, c’est que les sondages montrent que 60 % de la population allemande voit les choses de manière positive et pense que l’Allemagne est capable de faire face au défi de l’intégration de centaines de milliers de réfugiés. De très nombreuses initiatives privées d’aide aux réfugiés ont déjà vu le jour. C’est un fait totalement inédit dans l’histoire allemande», estime le professeur Funke, qui considère qu’au terme d’un processus d’apprentissage démarré dans les années 90, «les grands partis politiques démocratiques, à quelques exceptions près, ont peu à peu cessé d’utiliser les questions de l’immigration, de la nationalité et du droit d’asile à des fins idéologiques et politiciennes. Sur ce point, Mme Merkel a toujours joué la carte de l’ouverture. Sur la question des étrangers, elle n’est ni national-conservatrice, ni même conservatrice». […]
Les gouvernements Merkel successifs ont peu à peu modernisé le droit des étrangers et simplifié le droit d’asile, notamment en facilitant leur accès au marché du travail. Le renforcement du dialogue interculturel et interreligieux ou encore la question de l’enseignement de l’islam à l’école ont aussi conduit à la création de la Conférence sur l’islam, un cadre permanent de rencontres entre représentants des communautés religieuses musulmanes et de l’Etat fédéral.
De manière générale, on peut constater la volonté d’ouverture du monde politique allemand, qui s’est engagé en faveur d’un discours positif à l’égard des étrangers.
D’autres facteurs ont également joué. Le vieillissement démographique de l’Allemagne, conjugué à une économie high-tech qui tourne à plein régime, laisse prévoir une pénurie croissante de main-d’œuvre qualifiée. Aujourd’hui, les patrons allemands ont donc rejoint le chœur de ceux qui veulent accueillir et intégrer les étrangers le plus vite et le mieux possible. Le PDG de la Poste, Frank Appel, a récemment rappelé que l’économie avait 500 000 postes vacants et a promis d’embaucher des réfugiés dès que leur situation juridique le permettra.
«On peut reprocher aux gouvernements successifs de ne pas avoir suffisamment combattu la violence et les débordements de l’extrême droite allemande. Dans le même temps, paradoxalement, l’existence d’une frange dure de quelques milliers de néonazis prêts à tout peut expliquer pourquoi nous n’avons pas vu s’établir chez nous un parti nationaliste et xénophobe. Si l’on prend l’exemple de Pegida et du parti eurosceptique Alternative pour l’Allemagne, on note ainsi que ces deux mouvements, qui auraient pu adopter ce rôle, ont chaque fois été débordés et discrédités par ces éléments violents», analyse Funke. Résultat, la droite «merkelienne», qui n’a pas non plus manqué de constater que la droitisation de l’UMP sous Sarkozy avait avant tout profité au FN, a toujours refusé d’écouter les sirènes xénophobes. […]