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Une agression bien gérée rapporte des dividendes : un acte de vandalisme brandi comme un trophée attire les médias, donc donne de la notoriété qui renforce la cote…

[…] Tout cela ne se déroule pas dans le parc d’un milliardaire capricieux et cynique: dans un espace privé on pourrait, à la rigueur, tolérer des entorses à la loi commune (et encore, la jurisprudence ne l’entend pas ainsi). Mais à Versailles, nous sommes dans un monument national, géré par des fonctionnaires au nom du peuple français, lui-même régi par des lois. Dont la loi Gayssot qui réprime fortement toute incitation à la haine raciale ou antisémite: il est donc inimaginable qu’un Etat de droit laisse à la vue de tous des inscriptions qu’il déclare infamantes. […]

Mais allons plus loin. Quand on nous dit que des actes de vandalismes prouvent qu’une œuvre est réussie car elle fait réagir et donne à penser. «Dirty corner» démontre le contraire: elle réveille les vieux démons pour le plaisir de les exhiber. L’AC sécrète des réactions idiotes, viscérales, chez certains détracteurs mais tout autant chez certains partisans: cet art contemporain-là hystérise la vie sociale. On peine à rapporter qu’un des admirateurs de Kapoor ait osé comparer des injures verbales avec le saccage de Palmyre! Rappelons que Kapoor a encore la tête sur les épaules, tandis que le malheureux archéologue qui défendait le patrimoine antique contre Daech l’a payé de sa vie. Ce genre de comparaison outrancière montre que l’AC est un incitateur à l’exaltation extrémiste. […]

Finalement, une profanation fonctionne comme un bon plan média, Kapoor, vandalisé le 5 septembre, démarre une nouvelle exposition le 10 au couvent de la Tourette dans la cadre de la Biennale d’art contemporain de Lyon. Lors de la Fiac 2014, le Plug de McCarthy avait été vandalisé place Vendôme et le brouhaha médiatique avait judicieusement lancé son exposition à la Monnaie…où McCarthy avait, lui aussi, transformé l’attaque en oeuvre.

Invectives et indignations sur-jouées serviraient-elles à cacher les vraies questions? Après le premier acte de vandalisme, l’Etat avait renforcé la surveillance. Il est bizarre qu’un vandale ait pu écrire autant d’inscriptions, car il y en a beaucoup, sans être inquiété dans un pays qui est en alerte rouge avec le plan vigipirate. Cela pose un sérieux problème de sécurité.

Autre question gênante, qu’un artiste désormais martyr de l’AC s’empressera de trouver indécente: celle des conditions de réalisation de l’exposition versaillaise qui semble avoir été ouverte sans autorisation. Kapoor a imposé d’amples travaux de terrassements: une plainte pour dégradation de monument historique a été déposée, une enquête préliminaire est en cours…Vraiment ce second acte de vandalisme tombe à pic. Comment demander des comptes à un malheureux artiste «agressé»?

Il serait temps aussi que toutes ces expositions d’AC, dans lesquelles l’argent du contribuable est engagé puisqu’on touche à un monument national, soient accomplies en toute transparence financière…historiens de l’art et sociologues le réclament en vain depuis des années.

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