“Nous allons devoir accueillir beaucoup d’immigrés, même en France, parce que nous avons un déclin démographique. En Europe c’est massif, et chez nous ce sera très important. Ça commence très bientôt, là, on a déjà basculé…” – Dominique Reynié (politologue, ex-UMP, actuellement tête de liste en Languedoc-Roussillon – Midi-Pyrénées pour «Les Républicains») – Émission C dans l’air du 02/04/2007.
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Article de Libération daté du 09 janvier 2000:
Au train où l’Europe vieillit, elle aurait besoin de près de 160 millions de travailleurs immigrés de plus d’ici à 2025! Et la France, qui accueille environ 100.000 immigrés par an actuellement, devrait multiplier ce «quota» par 7,6 dans le quart de siècle à venir.
Voici quelques-uns des chiffres détonants que mentionne un rapport préliminaire de la Division de la population de l’ONU, divulgué cette semaine à New York. Selon l’un de ses auteurs, le démographe français Joseph-Alfred Grinblat, «il est bien sûr tout à fait irréaliste d’imaginer qu’on pourra parer au vieillissement de la population par l’immigration. Notre objectif est de montrer qu’il est pourtant impossible que les choses continuent en l’état. Il va falloir changer les règles du jeu. Nous nous bornons à donner les paramètres de décisions qui incombent maintenant aux politiques».
Les chiffres de l’ONU ne sont pas nouveaux, ils ont seulement le mérite d’illustrer, à horizon de 25 ans, l’énorme défi économique et social que pose l’évolution démographique des pays industrialisés. L’Union européenne est certainement la région du monde où se pose avec le plus d’acuité le problème du vieillissement et du maintien de généreux systèmes de retraite.
A évolution constante, l’Union comptera 5 millions d’habitants de moins en 2025, 40 millions de moins en 2050, souligne Joseph-Alfred Grinblat. Le ratio entre actifs et inactifs, qui tourne actuellement entre 4 et 5 travailleurs pour un retraité, sera grosso modo divisé par deux dans les vingt-cinq ans à venir.
Par simple projection mécanique, les experts démographes de l’ONU en concluent donc que l’Europe, pour simplement maintenir sa population active à son niveau absolu de 1995, aurait besoin de 24 millions d’immigrés d’ici à 2025.
S’il s’agit de préserver l’équilibre actuel entre actifs et inactifs, les besoins de main-d’œuvre étrangère montent carrément à 159 millions de personnes, dont 23 millions pour la France, 26 millions pour l’Italie et même 44 millions pour l’Allemagne.
A raisonnement comparable, l’ONU obtient d’ailleurs des chiffres tout aussi saisissants pour le Japon (92 millions d’immigrés théoriquement requis) ou les États-Unis (150 millions). A l’heure où les pays européens campent sur une politique de l’immigration ultra-restrictive, Joseph-Alfred Grinblat admet volontiers que ces chiffres «ne sont pas réalistes. Il faudra chercher la solution autre part: soit dans le relèvement de l’âge de la retraite à 75 ans, soit dans le panachage entre davantage d’immigrés et une vie active plus longue».
Mais l’allongement du nombre d’années de travail, reconnaît-il, posera un problème aigu dans des pays comme la France où sévit toujours un chômage élevé.