Pour Nicolas von Bülow, fondateur de Clipperton, une banque d’affaires spécialisées dans les nouvelles technologies, la France doit rester une terre d’accueil “pour ne pas rester son histoire”.
Je suis le fils d’une Allemande qui a fui son pays à deux reprises. La première fois à 6 ans, à pieds, avec ses deux sœurs et sa mère, pour échapper à l’Armée rouge qui marchait sur Berlin. La seconde fois, quinze ans plus tard pour l’Amérique puis pour la France. […]
Je suis Français et je dois bien reconnaître que je suis, pour la première fois, pris de nausée par ce que j’aperçois : quand sommes-nous devenus cette petite nation, recroquevillée sur elle-même, terrifiée par quelques dizaines de milliers, ou quelques centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient l’horreur absolue qui se déroule à nos portes. […]
La France dans laquelle je me suis passionnément fondu ne peut être devenue ce petit pays frêle dont les seules passions sont désormais les discours haineux et rétrogrades, le repli sur soi terrifié et attentiste, la défense acharnée du passé et une angoisse identitaire mise en scène et boursouflée.
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La France et l’Europe se sont construites et ont grandi dans les crises, dans les déplacements et les conflits, par ce qu’ils ont produit de richesses et de remises en cause. Le nier c’est tout ignorer de notre histoire et de ce qui nous rend obstinément uniques. Quoi qu’il arrive, la France vivra. […]
Les « migrants » d’aujourd’hui sont un miroir. […] Ils sont notre image, une chance inouïe, une occasion de nous arracher de trente années suicidaires, au cours desquelles nos hommes politiques n’ont bâti leurs routines que sur l’anxiété, la peur et le repli, jusqu’à l’absurde.