Les premières tensions se font sentir dans l’hôtel réquisitionné pour les réfugiés à Sasbachwalden (Forêt-Noire)
(…) A l’extérieur, deux amis sénégalais, Raphaël Tine et Fallou Miang, écoutent de la musique sur leur portable pour tuer le temps. « Au Bel Air, on est tous frères », jure Fallou. « Il y a surtout des Arabes. On aurait préféré être dans un camp juste entre Africains », tempère Raphaël. Leur espoir : obtenir des papiers et quitter le plus vite possible Sasbachwalden. Raphaël désigne d’un geste dédaigneux le paysage de carte postale. « Il n’y a rien, ici, pas de travail. »
« Il y a parfois des tensions, par exemple entre Arabes et Afghans, reconnaît Nour Abdurrahman, une étudiante syrienne voilée de 27 ans. Beaucoup d’Afghans prétendent qu’ils sont syriens. » Pour elle, le Bel Air est un havre de paix après un voyage harassant. « Ici, on nous respecte, on nous donne de la nourriture, des vêtements. Les Turcs et les Grecs étaient durs avec nous. Mais les pires, c’étaient les Hongrois… »
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En attendant, Zouhour, qui ne parle que l’arabe, essaie d’apprendre l’allemand avec d’autres femmes. Dans l’hôtel, la plupart des inscriptions ont été traduites en arabe pour faciliter la vie des résidents. Mais la solidarité des bénévoles s’effiloche. « Ils se servent sans ranger après, se plaint Monika, la soixantaine, en s’efforçant de trier une montagne d’habits apportés par des donateurs. Au début, il y avait surtout des familles, tout le monde voulait aider. Maintenant que 80 % des migrants ici sont des hommes, les gens sont plus mitigés. »
L’Hotel en question