Rue Jean-Baptiste Clément, les squats dans les halls d’immeubles sont la hantise des riverains. Le 28 août, une habitante s’est fait frapper. Cette mère célibataire vit dans la peur avec ses enfants. Et veut partir. Chose rare dans les cités sensibles, elle témoigne à visage découvert.
Charlène, jolie blonde de 31 ans, vit rue Jean-Baptiste Clément, à Lille-Sud. Elle loge au cinquième et dernier étage d’une petite tour HLM, avec sa fille et son fils, de 14 et 11 ans. Son quotidien est pourri par l’insécurité. « Le soir, des jeunes d’autres résidences squattent l’entrée. Parfois, ils sont plus d’une vingtaine. Ils boivent, fument des joints, sont bruyants, dévisagent, dégradent… » En toile de fond, des trafics dans le secteur, affirme-t-elle : « Héroïne, cocaïne, cannabis ».
D’autres locataires confirment ce climat. « Ça s’est amélioré, mais c’est toujours pesant. Je m’enferme chez moi », note Sylvie. Un habitant abonde, anonymement : « Ils urinent dans les boîtes aux lettres, des courriers sont volés. Le matin, des mégots traînent partout. Dehors, on trouve des seringues. Ça deale. Des véhicules sont rayés. Je n’ose pas inviter mes parents. Je n’ai pas été agressé, ils s’en prennent aux femmes… »
C’est ce qui arrive à Charlène, le 28 août. Vers 23 h, elle fume au balcon. « J’ai été insultée par un homme que je connais, avec lequel ma famille a eu des problèmes. » Elle demande des explications. « J’ai une grande gueule, ça ne leur plaît pas. Il y avait une dizaine d’individus en bas. Je suis descendue avec mes enfants et mon chien, un Staff, gentil et tenu en laisse. »
Elle pense que l’altercation va rester verbale avec l’individu l’ayant injurié. « Il m’a saisi les bras. Son frère m’a mis un coup de poing. Je suis tombée et il m’a claqué la tête au sol. Je ne m’y attendais pas. »
La police intervient dans la foulée. Deux suspects sont interpellés, puis libérés. L’enquête continue afin d’auditionner des témoins, les deux auteurs présumés n’ayant pas la même version. Charlène se sent en danger. « Je les ai recroisés. J’ai peur pour mes enfants et de sortir seule. »
Elle témoigne à visage découvert : « Ça fera peut-être bouger Vilogia (le bailleur), je veux déménager depuis des années. J’en peux plus ! » La jeune femme, aide à domicile, est en arrêt de travail. « Je dois passer un scanner pour un œil : je crains des séquelles. » […]
