Au lendemain de la fermeture de la frontière serbo-hongroise par une clôture barbelée et de l’entrée en vigueur d’une législation très restrictive pour les migrants, le premier ministre hongrois Viktor Orban a reçu, à Velence, au centre du pays, les envoyés spéciaux du Figaro, du Times, de Die Welt et de Die Presse.
LE FIGARO. – Êtes-vous satisfait de l’efficacité de votre clôture le long de la frontière serbo-hongroise ?
Viktor ORBAN. – La satisfaction, c’est plus pour les Rolling Stones… Disons que nous avons fixé des objectifs, et qu’ils sont respectés, jusqu’à présent. Mais quel est le fou qui pourrait être satisfait de voir tous ces migrants arriver en Europe? L’un des principaux problèmes est le business des passeurs. D’après les services secrets, on voit que tout cela est organisé depuis le Pakistan et l’Afghanistan. Il y a là-bas des publicités poussant à quitter le pays, avec des services proposés, des moyens différents, des prix. La cible est claire : l’Allemagne ou les pays nordiques. La route n’est pas choisie par les migrants, mais par les passeurs eux-mêmes. Comme ils ne pourront plus traverser la Hongrie, ils vont changer de chemin, et passer par la Roumanie, probablement. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de construire une clôture à la frontière roumaine également, le long de la rivière Mures. Et nous allons sans doute en construire une autre le long de la frontière croate. On suit leur piste…
Le fait est que les migrants continuent d’affluer ! On a réussi à les stopper à la frontière hongroise, mais on n’a pas arrêté le flux lui-même… Selon l’agence Frontex, je crois, ils pourraient être une centaine de millions, venant du Moyen-Orient et d’Afrique! C’est un défi mondial. L’UE devrait inviter les Nations unies à s’engager également.
Qui a raison, Mme Merkel quand elle dit que les migrants sont l’avenir de l’UE, ou vous qui affirmez que l’identité chrétienne de l’Europe est menacée ?
J’ai aimé quand la chancelière a dit, il y a environ un an et demi, que le multiculturalisme était mort. Car la menace du terrorisme est une chose. Mais il y a aussi le défi de l’intégration de ces musulmans. En Europe, elle ne s’est pas faite: des sociétés parallèles vivent les unes à côté des autres. Je ne dénie pas à une nation le droit de fonctionner de telle façon. Mais nous, en Hongrie, nous ne voulons pas suivre cette voie. Les musulmans ont une approche de la vie tout à fait différente de la nôtre. Et face à eux, nous ne sommes pas du tout compétitifs. Si nous, chrétiens, laissons les musulmans rivaliser avec nous sur le continent, nous serons surpassés en nombre, c’est mathématique. Quant aux positions du Pape François (qui a demandé à chaque paroisse d’accueillir une famille, NDLR), je les respecte. Mais en tant que protestant, je suis de ceux qui pensent qu’il n’est pas infaillible. […]