Après 16 ans Bettina Halbey doit quitter son appartement parce que la vile de Nieheim veut s’en servir comme logement pour réfugiés. Elle se sent « complètement abasourdie ». Le maire se considère dans son droit.
A Nieheim en Nord-Rhénanie-Westphalie la ville a pris une mesure drastique pour loger les réfugiés. Les locataires des logements de la ville sont expulsés pour raison de besoin propre.
Bettina Halbey raconte qu’elle a écrit le commentaire sur Facebook « par frustration et de tout cœur ». « J’ai écrit à peu près « Pourquoi nous enlève-t-on les appartements pour loger des demandeurs d’asile, alors qu’il y a tant de maisons vides ? » » raconte l’infirmière de 51 ans.
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Il s’agit de l’appartement de Halbey dans une vieille maison à trois étages. Elle y habite au premier étage depuis 16 ans sur 90 mètres carrés ; ses deux fils adultes ont déménagé. Elle est restée avec chien et chat. Mais c’est alors qu’elle a reçu le préavis de la ville daté du 1er septembre – comme sa voisine du rez-de-chaussée ; « pour besoin propre » dit le courrier officiel adressé à Halbey. (())
On l’informe que la capacité d’accueil des trois sites d’hébergement pour demandeurs d’asile est « maintenant presque épuisée, c’est pourquoi la ville de Nieheim est contrainte par la loi de trouver des logements supplémentaires ». Son bail est résilié « par manque d’alternative ». Halbey doit quitter les lieux d’ici mai 2016.
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Elle raconte que depuis mai 2014 des réfugiés ont emménagé dans l’appartement au-dessus du sien ; d’abord c’était des Syriens, maintenant y a une famille albanaise de cinq personnes et un couple arménien. Ils s’entendent bien. « Nous nous entraidons. Aider les gens, c’est mon principe » dit-elle.
Elle ne comprend simplement pas qu’on l’expulse. « Ici à Nieheim il y a beaucoup de maisons vides ». D’autres villes louent des maisons » dit Halbey. Son expulsion mérite effectivement des explications, surtout que cela ne résout pas les problèmes de logement de la commune : tous les mois 20 nouveaux réfugiés arrivent ici. 71 demandeurs d’asile vivent déjà à Nieheim.
Le maire Rainer Vidal essaie d’expliquer. Il est choqué que Nieheim se trouve dans la presse et d’être même personnellement attaqué par email. L’indépendant de 42 ans est considéré à Nieheim comme un politique particulièrement engagé, capable d’accomplir un projet de manière cohérente.
« Je ne comprends pas pourquoi les médias se ruent particulièrement sur Nieheim. Nous sommes loin d’être la seule ville d’Allemagne qui expulse des locataires par intérêt légitime pour pouvoir loger des réfugiés », dit Vidal au téléphone. Il trouve que ce serait différent si une grande ville avec la capacité de construire des logements faisait cela, ou s’il s’agissait de logements sociaux occupés par des précaires. « Mais ici il s’agit d’une location privés normale et d’une seule personne concernée », raconte Vidal. Il doit agir pour le bien de la ville. « Toute nouvelle unité de logement pour 30 réfugiés coûte 300 000 euros à la ville. Cette solution ne me coûte rien ».
Il se réfère au paragraphe 573 du code civil qui établit que l’on peut expulser un locataire pour raison d’ « intérêt légitime ». Mais l’union des locataires le voit d’un œil critique : elle conseille aux personnes concernées de faire appel. Selon elle, c’est politiquement une catastrophe de toute façon ; on ne doit pas « dresser les Allemands contre les réfugiés ».
Pour le maire de Nieheim tout semble juridiquement clair, mais le cas attire l’attention, parce qu’il choque les locataires communaux car il démontre qu’en cas extrême leur propre foyer n’est pas en sécurité. Vidal relativise ici aussi : « Cela arrive mille fois par jour en Allemagne qu’un propriétaire résilie un bail pour besoin propre. Cela peut arriver aux locataires privés à tout moment. Il s’agit ici d’une expulsion par intérêt légitime. La ville a le devoir de loger les réfugiés décemment » dit le maire.
Il souligne qu’il a le soutient politique total pour son action et qu’il a consciemment thématisé les expulsions avant l’élection municipale du 13 septembre, ce qui ne l’a pas empêché d’être réélu avec 68,8% des voix.
Die Welt
(Merci à Guermantes)