“L’an dernier, ce converti belge a passé six semaines à combattre en Syrie. Aujourd’hui, commerçant à Anvers, il ne regrette rien.”
Sa spécialité, c’est le pistolet. Un sandwich de pain rond. Jamais de jambon, seulement de la dinde. Le boulanger de ce quartier populaire d’Anvers est flamand, a les yeux bleus et porte la barbe. Avant, il s’appelait Michael ; aujourd’hui, Younès. Depuis sa conversion à l’islam, en 2007, il a choisi un prénom arabe qui signifie « intimité entre Dieu et l’homme ». Younès sert ses clients en jean et baskets, conscient que le port du qamis, le vêtement traditionnel, ne serait pas un bon argument de vente. S’il a voulu devenir son propre patron, c’est pour pouvoir prier aux heures fixes, cinq fois par jour.
Son épouse, Fatima*, âgée de 17 ans, traverse le magasin couverte d’un foulard et d’une longue robe noire. Ses yeux restent baissés. « Elle ne travaille pas dans la boulangerie. Elle doit passer son bac et je ne veux pas qu’elle soit en contact avec les clients », explique Younès qui, lui, ne serre pas la main aux femmes. Le couple vit au-dessus de la boutique. Canapé, table basse, écran plat, ordinateur… Seule entorse à la décoration banale, le drapeau noir de l’Etat islamique au-dessus du lit. (…)
Derrière le comptoir de sa boulangerie, les propos de Younès restent intolérants :
« L’idéologie islamique et la religion musulmane domineront un jour le monde. » Mais il dit avoir renoncé au djihad armé. (…)
Un point ne fait aucun doute : il reste un idéologue de la haine, pour qui la mort prime sur la vie. Il ne condamne aucun des attentats perpétrés en Occident et excuse même le meurtre d’enfants par Mohamed Merah. Les destructions des temples de Palmyre ? « La juridiction islamique nous y oblige. Ces lieux étaient des endroits de mécréance. »
Les femmes yézidies vendues et violées ? « Esclave, c’est toujours mieux que de mourir. »
Grâce à sa rhétorique insupportable à entendre, il se prépare à un avenir de prédicateur. « Je vais utiliser ma parole et mon esprit. Ceux que je ne convaincs pas n’ont qu’à passer leur chemin. »
Merci à Anne