Les services de renseignement européens sont mobilisés dans la surveillance des djihadistes revenus de Syrie. Notamment dans la région encore troublée des Balkans.
Dans le registre de l’abomination, Lavdrim Muhaxheri n’a pas de leçons à recevoir. En mai dernier, ce combattant de l’Etat islamique (EI), 26 ans, visage replet et tignasse rousse, apparaît dans l’une de ces vidéos de propagande du groupe terroriste tournées en Syrie : on le voit, un lance-roquette sur l’épaule, tirer sur un prisonnier attaché à un poteau. Un an auparavant, il s’était illustré dans un autre document où il décapitait un soldat du régime de Bachar el Assad. Au Kosovo, ces images ont abasourdi une population qui découvre que l’horreur est aussi perpétrée par l’un des siens. Et même si T.D., un autre kosovar lui aussi passé par la Syrie, décrit Muhaxheri comme “un clown décridibilisé au sein de Daech qui passe son temps à regarder le nombre de like qu’il récolte sur Facebook”, le bourreau est devenu la tête de gondole du djihad made in Kosovo.
Selon les chiffres officiels, depuis 2011, 300 Kosovars se sont rendus en Syrie et en Irak et 80 y combattraient encore aujourd’hui, principalement chez Daech et Jabhat al-Nosra (JAN), organisation liée à Al-Qaïda. Des chiffres inquiétants. “Avec 16 combattants pour 100.000 habitants, le taux de recrutement au Kosovo est huit fois supérieur à celui de la France, qui est pourtant le plus gros fournisseur de djihadistes en Europe”, rapporte dans une note l’institut CTC (Combatting terrorism Center) rattaché à l’académie militaire de West Point. Le gouvernement minimise le phénomène en expliquant que le Kosovo est un pays à majorité musulmane et que ces chiffres doivent être comparés davantage à ceux de la Tunisie ou du Maroc qu’aux pays de l’UE. Il n’empêche. Le Kosovo est un territoire où la laïcité est très répandue. L’influence américaine y est aussi importante. Et dans les autres pays de la région à majorité musulmane comme la Bosnie, les engagés du djihad ne sont pas aussi nombreux.
(…) Le JDD