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01/10/2015

La France est devenue “l’ennemi numéro 1” de l’État islamique, pour Marc Trévidic

Marc Trévidic est pessimiste. L’ancien juge anti-terroriste voit l’avenir en noir, à l’image de la bannière de l’État islamique. Dans une interview donnée à Paris Match, il estime que la France est devenue «l’ennemie numéro un» de l’État islamique et que l’organisation terroriste se prépare à des attentats d’ampleur sur notre territoire.

• La France, cible facile?

Marc Trévidic estime que la France est plus susceptible que les États-Unis d’être frappée par une attaque. Notamment à cause de la proximité géographique de notre pays avec les lieux où Daech a établi ses bases. «La France est facile à toucher» estime-t-il, du fait de la simplicité «opérationnelle de renvoyer de Syrie en France des volontaires aguerris, des Européens, membres de l’organisation, qui peuvent revenir légalement dans l’espace Schengen et s’y fondre avant de passer à l’action».

• Pourquoi la France?

Outre cet aspect pratique, il y a un aspect idéologique et politique. Notre pays est en première ligne depuis longtemps «pour combattre le djihad mondial». L’implication directe dans la campagne de frappes aériennes contre Daech ne fait qu’augmenter le ressentiment à l’égard de notre pays, estime le juge. «Pour [les terroristes, la France] est toujours une nation coloniale, revendiquant parfois ses racines chrétiennes, soutenant ouvertement Israël, vendant des armes aux pays dits “mécréants et corrompus” du Golfe et du Moyen-Orient.»

• Quels types d’actions?

Celui qui est maintenant vice-président du tribunal de grande instance de Lille est très inquiet quant au mode opératoire des futurs attentats. Il prévoit des attentats d’envergure et avertit que «la vraie guerre que l’EI entend porter sur notre sol n’a pas encore commencé». «Les hommes de Daech ont les moyens, l’argent et la faculté d’acquérir facilement autant d’armes qu’ils veulent. Le terrorisme est une surenchère ; il faut toujours aller plus loin, frapper plus fort. Il reste “le prix Goncourt du terrorisme” à atteindre, les attentats du 11-Septembre 2001 contre les tours du World Trade Center.» Fin août, dans un article du Canard enchaîné, des spécialistes du renseignement prévenaient de la même façon d’un risque «d’un 11-Septembre à la française où les services [de renseignement] seront de simples spectateurs.»

• Quelle réponse apporter?

L’inquiétude laisse place à la colère froide lorsque le juge se penche sur la réponse à apporter aux terroristes et projets d’attentats. «On ne peut plus les empêcher, lâche-t-il. Il y a là quelque chose d’inéluctable.» Un avis glaçant de la part de celui qui a été un rouage essentiel de la lutte contre le terrorisme. La raison: «Les moyens affectés à la lutte antiterroriste sont clairement devenus très insuffisants. On frise l’indigence à l’heure où la menace n’a jamais été aussi forte. Sentinelle, Vigipirate [ne résolvent] rien. Cela ne freinera pas les hommes de l’EI le jour où ils auront décidé de passer à la vitesse supérieure. Ces dispositifs protègent certains endroits, rassurent la population. Mais en fait, ils déplacent la menace. Si cela paraît trop compliqué de s’en prendre à un objectif sous surveillance, [les terroristes] en trouveront un autre

Le Figaro

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30/09/2015

La menace est à un niveau maximal, jamais atteint jusqu’alors. D’abord, nous sommes devenus pour l’Etat islamique [EI] l’ennemi numéro un. La France est la cible principale d’une armée de terroristes aux moyens illimités.

Ensuite, il est clair que nous sommes particulièrement vulnérables du fait de notre position géographique, de la facilité d’entrer sur notre territoire pour tous les djihadistes d’origine européenne, ­Français ou non, et du fait de la volonté clairement et sans cesse exprimée par les hommes de l’EI de nous frapper. Et puis, il faut le dire : devant l’ampleur de la menace et la diversité des formes qu’elle peut prendre, notre dispositif de lutte antiterroriste est devenu perméable, faillible, et n’a plus l’efficacité qu’il avait auparavant.

Enfin, j’ai acquis la conviction que les hommes de Daech [acronyme de l’Etat islamique] ont l’ambition et les moyens de nous atteindre beaucoup plus durement en organisant des actions d’ampleur, incomparables à celles menées jusqu’ici. Je le dis en tant que technicien : les jours les plus sombres sont devant nous. La vraie guerre que l’EI entend porter sur notre sol n’a pas encore commencé. […]

L’an dernier, j’ai fait neutraliser un réseau de djihadistes très dangereux qui voulait créer un commando de dix “Merah” autonomes, opérant simultanément sur l’ensemble du territoire. L’idée que nous soyons un jour confrontés à une ou plusieurs campagnes d’attentats majeurs ne peut être écartée. Ceux qui nous attaquent veulent nous faire le plus de mal possible. Et le faire dans la durée. Ils s’y préparent.

Les Français vont devoir ­s’habituer non à la menace des attentats, mais à la réalité des attentats, qui vont à mes yeux immanquablement survenir. Il ne faut pas se voiler la face. Nous sommes désormais dans l’œil du cyclone. Le pire est devant nous.

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